À quoi rêvent les jeunes filles?


Le Royaume-Uni a une Première Ministre femme, pour la troisième fois de son histoire. Élue par les membres du parti Conservateur britannique, que les analyses donnent comme plus âgés, davantage issus de la classe moyenne et plus majoritairement de race blanche que le reste de la population britannique. La République de Madagascar ne compte toujours aucune femme au pinacle du pouvoir, Chef de l’État ou Chef du Gouvernement. Il faut remonter à février 1897, et la monarchie, pour retrouver le nom d’une Reine, Ranavalona III. Une société de riziculteurs serait une société plutôt matriarcale, ont analysé les anthropologues. La façade patriarcale est sauve en public, où «Ralehilahy» prend la parole, mais tout le monde sait que cette «parole portée» aura été précédée et sera suivie de discussions conjugales avec «Ravehivavy». Quand ils se retrouvent en aparté, les hommes moquent craintivement «Ranavalona» ou «Rasoherina», du nom de deux Reines du XIXème siècle : mais si Ranavalona 1ère (1828-1861) fut réellement autoritaire, Rasoherina (1863-1868) n’a pas laissé le souvenir historique d’oukases acariâtres. Depuis 1959, ils sont dix hommes à s’être succédés à la tête de l’île. Bilan au mieux mitigé, sinon constat amer. Non pas tant pour les résultats socio-économiques catastrophiques que l’on sait, que pour la dégradation des moeurs politiques, finalement à l’origine de toute la décadence : morale, culturelle, civilisationnelle. J’aime croire que les femmes sont de moeurs plus élégantes que les hommes et plus riches d’une empathie indispensable au vivre-équilibre-ensemble. Comme tous les petits garçons, j’ai été éduqués par une mère et j’ai grandi au contact de mes deux grand-mères. Mes premières années résonnaient encore de l’écho des années Golda Meir (Première Ministre d’Israël, de 1969 à 1974), tandis que l’épopée d’Indira Gandhi (Première Ministre de l’Inde de 1967 à 1977 et de 1980 à 1984) et des siens rythma l’actualité de mon adolescence. À observer la méthode Margaret Thatcher (Première Ministre de Grande-Bretagne de 1977 à 1990), bien de dirigeants apprendraient beaucoup de sa détermination dans la guerre implacable contre l’Argentine aux Malouines et de son intransigeance assumée de «Dame de fer contre les hommes du charbon» : 130.000 mineurs en grève, de mars 1984 à mars 1985, mais qui finiront par retourner au travail sans que Margaret Thatcher ait rien lâché. Plus contemporaines, Angela Merkel, qui fut, pendant seize ans et seize jours, Chancelière de l’Allemagne, première puissance européenne. En une sorte de banalisation de la présence d’une femme à la tête d’un pays. Ou encore Christine Lagarde, première femme Ministre de l’économie d’un pays du G8, première femme Directrice générale du FMI, première femme Présidente de la banque centrale européenne. Toutes auront laissé l’image de la dignité, de l’intégrité, de la compétence. Indifféremment de la question du genre. Une banalisation parfaitement accomplie et «Soa fianatra». Post-scriptum : Sanna Marin est un nom qui me serait resté inconnu sans une tempête dans un verre d’eau. À 34 ans, elle est la Première Ministre de la Finlande. Elle avait dû s’expliquer, après la diffusion sur les réseaux sociaux, d’une soirée privée où elle avait dansé. Rien de bien scandaleux. Depuis, plusieurs femmes, dont Hilary Clinton, l’ancienne Première Dame et Ministre des Affaires étrangères des États-Unis, postent des vidéos de danse en signe de solidarité avec Sanna Marin. Ce n’est pas tant non plus le «couple» double féministe/machiste ou misogyne/misandre qui m’intéresse que le droit à une vie privée, que l’on soit femme ou homme et tant que les actes y accomplis ne nuisent pas à la dignité de la fonction publique.
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