Des vessies pour des lanternes


Que les choses soient claires. Une bonne fois pour toute. Les prix du carburant ne connaîtront pas de changements notables. L’affirmation vient de Jean Baptiste Olivier, directeur général de l’Office Malgache des Hydrocarbures, OMH. La question qui s’est toujours posée a été de savoir si l’État a encore des prérogatives à faire valoir sur la détermination de ces variations. Car, des dispositions de la loi sur la privatisation ou le processus par lequel l’État se désengage des secteurs productifs, le cantonnent aux rôles de régulateur et de contrôle du marché pétrolier à travers l’OMH. Mais depuis la Transition où le régime non-reconnu par la communauté internationale a pu se soustraire à des obligations envers les bailleurs de fonds, ces restrictions ont été levées de fait. L’interventionnisme étatique, comme au bon vieux temps de la révolution socialiste, a été remis au goût du jour. Une arme politique redoutable aussi pour les dirigeants de l’époque, arrivés au pouvoir dans un cadre en dehors de la Constitution. Ils faisaient face à une opposition de plus en plus extrémiste et déterminée des partisans du président déchu, Marc Ravalomanana. Qui espéraient à une spirale inflationniste à partir des « enrôlements » depuis les pompes des stations-service, n’ont pas eu « gain de cause ». Ils s’attendaient à une hausse généralisée des prix à la consommation pour porter le coup fatal aux « putschistes » par une révolte de la population. Engluée qu’elle était dans une crise économique et sociale de plus en plus étouffante à cause des sanctions infligées par les partenaires techniques et financiers. Aujourd’hui, cette omniprésence et omnipotence de l’État a gagné en solidité. Aux lendemains de son investiture, le président de la République Andry Rajoelina a fait de la baisse des prix du carburant un de ses premiers soucis. Il était convaincu que des charges financières le long du différentiel des coûts, comme celles liées aux transports et aux stockages, alourdissent plus que de raison les prix aux consommateurs finaux. Après d’âpres négociations avec les pétroliers, toutes professions confondues, les prix actuels ont été acquis au mois de juin de l’année passée. Mais des lourdes contreparties financières du statu quo ont été concédées aux pétroliers. À qui l’État doit 172 milliards d’ariary de compensation, 89 au mois de juillet selon des explications officielles. Ils ont accepté de ne pas majorer ces prix. Sans faire les frais d’une baisse possible au début de la crise sanitaire au mois de mars. Où les cours du brut ont été jusqu’à 5 dollars baril. Si dans ces conditions plus que favorables, aucun effet n’a été ressenti et répercuté à Madagascar, un retour à l’application de la vérité des prix du carburant ne serait pas à exclure. Par les pourparlers à venir avec le Fonds Monétaire International, FMI, qui attend la « fameuse lettre d’intention » du gouvernement pour entamer les négociations d’un véritable programme postCovid. Une rentrée attendue dans le milieu économique et des affaires.
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