Le miracle papal


Comme si moïse était venu à Ankoron­- drano pour ouvrir la route au Pape avant même qu’il ait mis les pieds à Antananarivo. Les utilisateurs de cette route infernale n’en croyaient pas leurs yeux. Ah, Saint Thomas serait bien content car il fallait le voir pour le croire. on le comprend tellement car si durant des mois, on avait exhorté tous les saints et saintes possibles et imaginables pour que la voiture de devant puisse avancer de quelques mètres, hier matin le miracle s’est produit. La portion La City jusqu’à Antanimena se faisait en une voire deux heures. Cette fois-ci, c’est en moins de cinq minutes. miracle mon ami ! Qui l’aurait cru. Il est fort ce Pape. Les ouvriers semblent avoir fait de leur mieux pour que ce miracle qui tenait d’une promesse en hauts lieux puisse se produire. L’effort était au rendez-vous, les résultats pas tellement. Des ouvrages faits à la va-vite qui ont pourtant totalement asphyxié tout Antananarivo et l’économie de la capitale. « Tout ça pour ça ? » s’est écrié quelqu’un dans le bus. Le jeune homme était visiblement choqué de ces heures passées dans les bouchons interminables. Vendredi après-midi, de fervents pratiquants marchaient pour aller rejoindre la route de Tsarasaotra. Drapeau à la main, enfants, jeunes et anciens jeunes se sont déplacés pour honorer le souverain pontife. Certes, la foule n’est pas comparable à celle lors du retour des Barea de la Coupe d’Afrique des Nations. mais la grande messe sera, sans conteste, grandiose. Il faut croire que le sport a une puissance d’unification qui va au-delà des croyances, des religions, des classes sociales. Ceux qui ont vécu 1989 nous diront que l’ambiance était tout autre. Le constat est que, depuis la dernière visite papale, la situation s’est terriblement dégradée. en trente ans, le niveau de vie de la population a périclité au point où une famille de cinq personnes doit survivre, chaque jour, avec moins de deux dollars par jour. Un peu plus d’une génération est passée et on a également vu le protestantisme et le catholicisme perdre petit à petit la main sur leurs adeptes. Ces derniers ont rejoint en masse les nouvelles églises qualifiées de « sectes ». Trente ans durant laquelle, beaucoup ont essayé, à tort ou à raison, d’aller trouver le miracle ailleurs. Finalement, trente longues années à l’issue de laquelle la laïcité de l’État malgache n’est plus qu’une farce. Les langues se délient peu à peu surtout à Antananarivo où la population a été soûlée par des encombrements interminables. Les questionnements se multiplient sur les réseaux sociaux, notamment, sur la balance de ce qu’on perd et ce qu’on gagne dans de telles visites de Chefs d’État. Si on avait prôné l’austérité pour la visite du président Rwandais, on a sorti le grand jeu pour le Chef de l’État du Vatican. Aussi, ose-t-on croire que, quand n’importe quel autre Président passera sous nos tropiques, on fera encore mieux. Une question centrale est de mise : combien cela coûte-t-il aux contribuables ? La pratique est source de maitrise. Sur le plan sécuritaire et organisationnel, il semble que beaucoup ont appris des bavures et manque de professionnalisme des festivités du 26 juin 2019 (durant lesquelles une quinzaine de vie ont été perdues bêtement), et lors de l’accueil des Barea. espérons que tout se passera bien pour le bien de tous. Une fois de plus, la sécurité est une affaire de tous et tous doivent veiller les uns sur les autres pour le bien de tous. Nous souhaitons un très bon moment spirituel à tous les catho­liques de madagascar et un très bon séjour au Pape. espérons qu’après la visite du Pape, la circulation puisse rester aussi fluide pour que la vie ou la survie du citoyen lambda puisse se passer au mieux.
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