L’assainissement, un problème inquiétant à Tana


Depuis qu’elle existe, la ville d’Antananarivo a toujours rencontré de grands problèmes de voirie. Selon les urbanistes, la longueur des égouts passe de 36 294m de conduits à 160 184m, fin 1954. Mais, «l’assainissement est certainement un des problèmes les plus importants, sinon le plus inquiétant de l’agglomération » (lire précédente Note). La ville dispose d’un unique réseau d’évacuation composé de caniveaux, de canaux à ciel ouvert, de buses, d’égouts semi-visitables ou visitables, dont « l’implantation n’a fait l’objet d’aucun plan d’ensemble et qui est, par la suite, disposé et raccordé de façon tout empirique ». Aussi doter tous les quartiers d’Antananarivo d’un réseau d’égouts établis de façon rationnelle et répondant aux besoins de l’hygiène et de la salubrité est-il l’objectif prioritaire de la ville. Pour ce faire, de nombreuses mesures doivent être prises. Premièrement, il faut augmenter les possibilités de débit de l’Ikopa qui, en 1955, ne peut évacuer l’afflux important des eaux pluviales amenées par les nouveaux conduits. « C’est donc là le problème initial du quartier de Tsaralalàna qui est à résoudre en premier lieu. » Deuxièmement, la construction d’une cité à loyer modéré est indispensable afin de recevoir les habitants des taudis, en particulier ceux logés près des marais. Puis démolir ces masures et remblayer les terrains ainsi libérer sur lesquels il serait alors possible de bâtir de nouvelles cités à loyer réduit qui peuvent recevoir la population de ces quartiers insalubres. Parallèlement, il faudra créer de nouvelles voies appropriées aux besoins actuels de l’habitat et de la circulation. À ce propos, la municipalité décide de contracter un emprunt de 110 millions pour construire 6 900m de nouvelles rues. De même, il faut prendre les mesures nécessaires a fin de permettre l’accès en tous lieux aux véhicules chargés de l’enlèvement des ordures. Ceci devra s’accompagner de l’application, dès que possible, par tranches successives du plan d’urbanisme d’Antananarivo, en tenant compte des problèmes financiers qui résultent de la création des zones vertes et des secteurs interdits à la construction. « Les établissements industriels ne devront pas déborder du secteur qui leur est réservé. » Dans le domaine des constructions publiques et privées, chaque mois une moyenne de 170 demandes d’autorisation est déposée en 1955. Le corps des architectes est largement représenté dans la capitale, mais il y a lieu de persuader le public de s’adresser à des hommes de l’art pour étudier les constructions en vue d’éliminer certaines conceptions « inesthétiques, inconfortables voire même antihygiéniques et malsaines ». À cet effet, la municipalité ouvre un concours destiné « aux architectes pour obtenir des modèles de petits et moyens immeubles qui seront mis à la disposition du public ». « Sous certaines conditions, les usagers pourront s’inspirer de ces modèles pour leurs projets de construction. » Pour le bloc voirie d’Androrosy, en particulier, les réalisations se répartissent en six tranches. La première achevée, le 23 juillet 1953, comprend huit garages, un magasin et sept logements. La seconde comporte les ateliers livrés, le 29 décembre 1954. La station-service et les garages qui représentent la troisième tranche, sont livrés le 6 avril 1955. Pour la quatrième tranche, les travaux sont encore en cours la même année. La cinquième tranche se compose de six logements à construire sur la quatrième tranche, dont les travaux sont à l’étude. Et la sixième tranche comporte un bâtiment pour bureaux, atelier et magasin d’électricité ainsi que seize petits logements. « Tous ces travaux sont sur adjudication et totalisent une somme globale de 88 159 485 francs (de l’époque). » En ce qui concerne l’adduction d’eau et la distribution du courant électrique, la société concessionnaire prévoit le paiement par les abonnés de 70 à 80% des frais nécessités par ces réalisations. Un programme d’extensions est donc élaboré par la municipalité en accord avec la société Eau et électricité de Madagascar, en vue de fournir les quartiers, jusque-là non alimentés en eau et électricité et ce, à compter de 1957. « La municipalité contactera un emprunt de 40 millions auxquels s’ajoutera une deuxième tranche de 47 millions qui feront l’objet d’inscriptions aux budgets communaux de 1956 et 1957. » Enfin, des améliorations sont apportées au corps des sapeurs-pompiers. De 65 hommes à l’origine, l’effectif est porté à 73 sapeurs et sous-officiers, et cinq officiers dont trois Européens formés à Paris. Ce corps de sapeurs-pompiers est do té d’un matériel moderne capable de répondre aux besoins présents et à venir d’une ville appelée à s’étendre plus encore.
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