Terrain d'Andohatapenaka - La commune d'Antananarivo entre dans la bagarre contre l’État


Lalao Ravalomanana, maire de la capitale a indiqué que la commune urbaine d'Antananarivo compte porter plainte, suite au forcing de la fourrière d'Anosipatrana. Le ministère de l'Aménagement parle d'une entrave à un projet étatique. Engagement. Par le biais d'un point de presse, hier, à son bureau, à Analakely, Lalao Ravalo­manana, maire de la commune urbaine d'Antananarivo (CUA), a officialisé l'entrée dans le ring de l'autorité communale dans le bras de fer concernant le terrain d'Andohatapenaka. « Suite aux actes et faits qui se sont produits dans la nuit du 05 septembre à partir de 22 heures à la caserne de la police municipale (…) sise à Anosipatrana lors desquels un groupe de civils et de militaires cagoulés et armés dirigés par le colonel Joseph Ramia­ramanana, ancien PDS, se sont introduits de force pour y soustraire trois camions mis en fourrière pour avoir été pris en flagrant délit de transport illicite de roches et de remblais. (…) J’émets mes vives inquiétudes et ma très grande consternation devant les violences et voies de fait que je condamne fermement, commises à l’endroit de la commune Urbaine d’Antananarivo (…) », s'insurge Lalao Ravalomanana. « Après les vérifications d’usage des éléments de la Police Nationale et ceux de la Police municipale, lesdits camions n’avaient ni carte grise, ni plaque d’immatriculation, ni police d’assurances, ni certificat de visite technique, ni autorisations de circuler ni permis de remblaiement et de déblaiement », ajoute-t-elle. Abus de pouvoir En réponse à la seule question autorisée aux journalistes, la maire de la capitale affirme que la CUA a l'intention de porter plainte. Le destinataire de la plainte n'a, toutefois, pas été indiqué. « Nul n'est au-dessus de la loi », affirme la maire de la capitale. La scène qui s'est jouée dans la soirée de lundi, à Anosipatrana, indique, toutefois, qu'à Madagascar, c'est l'Exécutif étatique qui fait la loi. Et, visiblement, il n'hési­te pas à en faire usage et à en abuser comme il l'entend et selon ses intérêts, quitte à passer outre. L'État a même activé sa prérogative de puissance publique en réquisitionnant les éléments de l'État major mixte opérationnel (EMMO), pour sécuriser le chantier d'Andohatapenaka, mais aussi, épauler le colonel Ramiaramanana, durant le forcing d'Anosipatrana. Dans un communiqué publié, hier, le ministère auprès de la présidence affirme en réplique à la CUA que la société propriétaire des véhicules « a rempli toutes les formalités nécessaires, douanières et adminis­tratives, avant de faire circuler les camions (…) La mise en fourrière de ces camions est considérée par l’État comme une pure et simple entrave à la bonne marche des travaux destinés au bien être de la population tananarivienne ». Des arguments qui suffisent donc, à justifier ce qui s'apparente à un excès de pouvoir. Certes, sous l'omnipotence de Marc Ravalo­manana, ancien chef d'État, la réaction de la CUA n'est, vraisemblablement, pas dénuée de subjectivité et pourrait même revêtir un niveau d'illégalité. Mais un pays où l'État de droit est, systématiquement, encensé, la forme de la réaction de l'Exécutif laisse perplexe. Sans acte justificatif et à une heure tardive, simplement en invoquant « verbalement », la raison d'intérêt public, l'émis­saire ministériel s'est permis de forcer manu militari le domaine d'autrui. « Ces camions nous appartiennent, nous sommes venus les reprendre », a déclaré le colonel Ramiaramanana, à son arrivée à la fourrière municipale, lundi soir. En réponse, le commissaire de la police nationale, responsable de la caserne d'Anosi­patrana, a indiqué que les véhicules ne sont pas en règle. « Aussi, si vous voulez les récupérer il faudra présenter des papiers en règle et vous acquitter des amendes. Sinon, il faudra fournir un document vous autorisant à déroger », a indiqué le policier. L'ancien PDS a, pourtant, affirmé n'avoir besoin d'aucun document justificatif et qu'il « a reçu l'ordre de récupérer les camions ce soir même [lundi soir] ». L'officier supérieur a même indiqué que travaillant pour un projet étatique et d'intérêt public 24 heures sur 24, ces camions n'auraient pas besoin des paperasses d'usage. À une certaine mesure, l'affaire d'Andohatapenaka pourrait, aussi, revêtir une intention de règlement de compte. Seulement, elle démontre de quelle manière déplorable se gèrent les affaires publiques et de quelle manière les lois s'appliquent et jusqu'à quel point elles sont respectées. Ahurissant. Garry Fabrice Ranaivoson
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