Lutte anti-corruption : Le Bianco soumis à l’obligation de résultat


Après cinq ans au front, une continuité et même une intensification des actions du Bianco dans la lutte contre la corruption est attendue. Tout comme l’organe, son nouveau directeur général est soumis à une obligation de résultat. Des résultats. C’est ce qu’attend la population en matière de lutte contre la corruption. Un impératif que conçoit Laza Andria­nirina, nouveau directeur général du Bureau indépendant anti-corruption. Après sa prestation de serment, hier, à la Cour suprême à Anosy, le nouveau visage de la guerre contre le fléau qui ronge le pays, a pris la mesure de ses responsabilités et les attentes quant à l’efficience du Bureau. Dans un discours qu’il a prononcé après la passation de service avec son prédécesseur, au «Development learning center (DLC) à Anosy, Laza Andrianirina a indiqué, en référence aux résultats des dernières études sur la lutte contre la corruption, que la population attend des résultats rapides dans les investigations menées par le Bianco, surtout en matière de grande corruption. Longtemps considéré comme un épouvantail ou un organe de règlement de compte politique, le Bianco est sorti de sa torpeur et est monté au front de la lutte contre la corruption, ces cinq dernières années. Le Bureau d’Ambo­hibao a pu inscrire quelques gros poissons à son tableau de chasse. Ayant pris la parole au DLC, Jean Louis Andria­mifidy, directeur général sortant, a indiqué que les cinq années passées n’ont pas été simples. (…) après tout ce vécu, le pays attend des résultats. Hier, au détour des conversations, le fait que le nouveau numéro un du Bianco soit « à la hauteur de l’héritage laissé par son prédécesseur », est fréquemment revenu. Laza Andria­­nirina, dans son discours, a déclaré à l’endroit de son prédécesseur, « il sera difficile de vous succéder, en ajoutant, je vous garantis, toutefois, de continuer les efforts et le travail que vous aviez faits ». Sans entrave Face à l’assistance, il a alors, lancé : « Il est de ma responsabilité et un défi de mener à bien la lutte contre la corruption, en mettant un accent particulier sur la lutte contre l’impunité. » L’ancien de l’Éco­le nationale d’Adminis­tration (ENA) se fixe ainsi comme challenge l’application de la loi contre tout délinquant, sans exception et sans entrave. Ceci comme il le souligne, afin de rendre effective la formule tolérance zéro, martelée au sommet de l’État. Le magistrat Andria­mifidy a glissé dans sa brève allocution d’hier, que la volonté de lutter contre la corruption affirmée par les responsables étatiques devrait mettre son successeur dans des conditions plus favorables que les siennes. À l’issue de la cérémonie de prestation de serment, Andry Rajoelina, président de la République, a affirmé qu’il laissera une totale indépendance au Bureau d’Ambohibao. « Je déclare ici, publiquement, devant l’ensemble de la population, que le Bianco sera réellement indépendant », affirme-t-il à la presse. Le chef de l’État a ajouté « que la loi sera appliquée sans exception contre quiconque s’adonnera à la corruption ». Il a, du reste, indiqué son souhait que la lutte soit plus intense dans la gestion des deniers publics et l’attribution des marchés publics. Les organes de lutte contre la corruption et délits financiers devront redoubler de vigilance pour éviter les abus, notamment, lors de la mise en marche des multiples projets de l’Initiative pour l’émergence de Mada­gascar (IEM). Au-delà des mots, la volonté de lutter contre la corruption nécessite aussi, des actes de la part de l’État. Déjà martelée par son prédécesseur, Laza Andria­nirina a soulevé, hier, la nécessité d’accorder plus de moyens au Bianco. Des moyens juridiques, en adoptant les décrets d’application de la loi sur la lutte contre la corruption. Un acte réglementaire qui permettra une réforme de la structure du Bureau, notamment. L’énarque a aussi souligné le nerf de la guerre, les ressources financières. « Une guerre que l’on souhaite gagner doit avoir des moyens financiers suffisants et au moment où il faut », a soutenu le directeur général du Bianco. Cependant, sans considération des insuffisances des ressources, la population attend des actes, du changement et des résultats, concède-t-il. Charge à lui de faire en sorte que le Bianco soit à la hauteur de ces attentes.
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