« Ça gaz »


Au mois d’avril, une compagnie minière a découvert du gaz naturel exploitable en grande qualité dans l’Atsimo Andrefana. Exploitable. Un mot que nous attendions depuis longtemps, mais ignoré par les tenants de pouvoir sauf si ça leur rapporte des sous. Quelle est la suite de cette affaire   Comment le partenariat avec cette société se fera-t-il, et surtout au bénéfice de qui   Personne n’a donné suite à cette nouvelle qui pourrait booster l’économie intérieure du pays, gage de développement. Plus personne ne parle de structurer le partenariat avec la population locale qui a connu des démêlés avec cette société avant cette exploitation … Nous ne discuterons pas des problèmes causés par cette société sur l’environnement local et social, car on ne s’en sortirait pas. Prenons le temps de réfléchir comment tirer parti de cette manne. Il faudrait d’abord arrêter les méthodes mafieuses qui consistent à racketter les investisseurs avant de les laisser opérer. Ensuite, définir les lois et cadres pour que toutes les parties prenantes bénéficient des retombées d’un tel  projet. Le code minier étant en hibernation, la pauvreté ne l’attendra pas. Aussi, il serait judicieux de cadrer spécifiquement la loi et les engagements avec cette société afin de pouvoir engranger des royalties sur l’exploitation dans les meilleurs délais. En terme plus simple, un contrat entre la société et l’Etat malagasy stipulant qu’en marge des droits et taxes, des ristournes régionales, la compagnie s’engage à verser à l’Etat malagasy, le tiers de sa production pour un usage local et/ou d’exportation. Ainsi, l’État engrange des revenus pour ses projets de développement, les délestages prennent fin puisque les groupes thermiques seront alimentés par du gaz naturel, la déforestation régresse, et l’économie se stabilise. A MOINS… à moins qu’il n’y ait velléités de laisser le pays dans la pauvreté et la dépendance, A MOINS…que les accords de coopération signés avec la France n’interdisent de tel partenariat et qu’elle réclame sa part de gâteau … Une fois que ce partenariat prendra forme, la population locale se structurera plus efficacement, et la région connaitra un boom économique certain. A MOINS… que d’autres entités, d’autres personnes veulent que toutes les villes à forts potentiels ne deviennent comme Ilàkaka, ville gangstérisée par les étrangers, les trafiquants et les corrompus ; aucune infrastructure sanitaire, absence de pouvoir d’Etat, aucun développement réel. D’autres villes d’Afrique du Sud ayant connu une ruée semblable sont encore plus belles et plus modernes que les nôtres réunis. Il est donc question de volonté politique. Absente depuis 56 ans, cette volonté nourrira l’espoir d’une véritable indépendance économique et politique vis-à-vis de qui l’on sait. La société civile, le corps de l’Etat tout entier (je sépare bien les dirigeants et les cafards qui gravitent, avec le corps d’Etat tout entier) devraient débattre sur l’arène du devenir de cette exploitation de gaz. Si elle ne veut pas, alors nous le ferons. Il n’est plus question de laisser les étrangers accaparer nos ressources pour des miettes, ni de se laisser impressionner par les politiques étrangères qui soutiennent qu’aucune ex colonie n’a le droit de s’émanciper. Nos ressources nous appartiennent, et nous avons besoin de l’expertise des étrangers certes, mais les transferts de compétence doivent être obligatoires durant la durée d’exploitation.  Il appartient à ladite société de respecter l’environnement dans laquelle elle opère, mais il appartient à l’Etat de créer les infrastructures de base pour la population AVEC les revenus acquis par les redevances et les ristournes. Nous savons tous comment ça marche ; les négociations se font loin des regards, avec des commissions qui dépassent l’entendement alors que ces commissions devraient rentrer dans les caisses de l’État. Pour l’instant, nous ignorons les deals obscures entre les hauts responsables des entités concernés, mais nous savons que cette exploitation de gaz est une bouffée d’oxygène pour le Président (en 2018) ET pour la population. Il n’est plus question que le peuple se contente de miettes enrobées de miel comme les inaugurations de bornes fontaines, de nouveaux hôpitaux (alors que des CSB et hôpitaux existants réclament plus de moyens), ou encore participer à des ateliers dont il n’en est jamais rien sorti de concret. Par Iloo Sahïd
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