Université d'Antananarivo - Les intellectuels haussent le ton


« Nous ne quémandons pas des sièges auprès du futur gouvernement, nous n’avons pas envoyé et n’enverrons pas de CV à Mahazoarivo. Mais notre action d’aujourd’hui a pour objectif de toucher l’opinion sur le poids du pouvoir intellectuel sur la politique », soulignent huit professeurs d’université, dans une conférence de presse, hier à l’université d’Antananarivo. Mamy Ravelomanana, agrégé en sciences économiques a lu le communiqué d’une page et demi relatant la situation des intellectuels depuis l’indépendance et jusqu’à ce jour, leur vision ainsi que leurs aspirations titrées « Le pouvoir intellectuel est un pouvoir politique ». « Les intellectuels sont souvent négligés et oubliés. Leurs idées, leur capacité intellectuelle, leur intelligence, les résultats de leurs recherches sont mis sur le coté alors que ce sont les intellectuels qui ont forgé et forgeront les actuels et futurs dirigeants de ce pays », expliquent entre autres les professeurs Jeanine Rapiera Rambeloson et Alisaona Raharinaivonirina. « Le pouvoir intellectuel fait la politique ». Un credo explicité tour à tour par ces professeurs d’université de Toliara et d’Antananarivo, qui se sont réunis pour lancer ce qui les dérange. D’après toujours les explications, les étudiants d’université ont commencé les mouvements populaires dans ce pays, signifiant que le pouvoir intellectuel des étudiants donne la capacité de dénoncer les mauvaises pratiques politiques perpétrées par les dirigeants depuis 1972. Politique intellectuelle Questionnés d’emblée sur le pourquoi du moment pour dénoncer cette mise à l’écart des intellectuels dans la vie politique du pays, ils répondent que c’est juste une belle coïncidence au fait que le nouveau Premier ministre est nommé récemment. « Nous profitons de ce changement justement pour en faire une opportunité de pouvoir revendiquer la place des intellectuels dans la vie politique », soulignent les professeurs Edouard Ramanevy, Panja Ramanoelina et Raymond Ranjeva. Les professeurs veulent apporter des changements dans les bases même à partir de cette nouvelle nomination du chef de gouvernement et veulent être entendus. La politique en tant qu’art de gouverner n’est pas toujours comprise par beaucoup. Pour ces professeurs, la politique doit être intellectuelle, se faire d’une manière intellectuelle. La question de savoir qui sont les vrais responsables du chaos actuel que vit le pays, a été au centre de la conférence. « Il y a une part de notre responsabilité dans ce qui n’a pas marché dans ce pays », reconnait le professeur Étienne Rakotonirina. « Seulement, nous sommes également tous responsables de cet engouffrement du pays », ajoute-t-il. Le professeur Dina Jeanne Fotomanantena dit ne pas accepter de laisser passer le rôle important que jouent les intellectuels dans la vie sociale, économique et politique du pays. « On ne peut pas rester des observateurs », soutient-elle.
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