Maux...dits


Il vaut mieux ne pas tomber malade si on n’a pas les moyens de se soigner. Tous ceux qui sortent des hôpitaux, plus encore lorsqu’il s’agit des établissements publics, vous le diront. Comme si on peut choisir le moment de tomber ou non malade. Au-delà de l’ironie, il s’agit, en fait, d’une lassitude. Une vérité de la Palice dites-vous. Certes, mais n’est-ce pas à cela que servent nos dirigeants, à discerner les moyens de faciliter la vie de leurs compatriotes  Récemment encore, un élu de la localité du Nord vient de lancer un véritable coup de gueule, et c’est encore peu de le dire, sur la situation de l’établissement sanitaire de sa ville. Il a mis en avant plusieurs méfaits  qui font que l’hôpital devient un mouroir : des accouchements aboutissant systématiquement au décès de la mère et/ou de l’enfant, des médicaments sur-prescrits, la corruption de certains mem­bres du personnel de soins qui possèdent, paradoxalement de médicaments quasiment plus nombreux que le stock des pharmacies, ou encore des médecins qui effectuent des opérations chirurgicales en état d’ébriété, causant, systématiquement des décès. Voilà des maux qui, à force d’être ignorés, semblent devenus presque banals dans notre société. La réalité est là. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, il est devenu difficile de faire confiance en nos hôpitaux et nos médecins. Ces faits se trouvent d’ailleurs dans un district, ne parlons même pas des localités où ils n’existe même pas d’hôpital. La plupart des hôpitaux existant dans le pays vivent une situation dramatique qui ne cesse de s’accentuer. Au niveau des infrastructures, la vétusté des équipements fait que des représentants du corps médical ne sont pas en mesure d’offrir des services hospitaliers dignes de ce nom. Le régime de la transition a voulu, semble-t-il, casser cette image en inaugurant quelques-uns des hôpitaux « Manara-penitra » dans plusieurs localités du pays. Sauf qu’il s’agissait d’une initiative plutôt à accent électoraliste que d’une réelle démarche allant dans le sens d’une responsabilité envers les citoyens. Résultat : la plupart de ces établissements ne fonctionnent pas encore, ou fonctionnent mais à peine et peu. Celui d’Andohatapenaka pourra, en tout cas, servir les invités du sommet de la Francophonie. Vu que le village éponyme se trouve tout près. Les habitants de Morondava ne peuvent pas en dire autant, car leur hôpital « Manara-penitra » semble difficilement opérationnelle. Puis, depuis que l’argent est devenu le maître de ce monde, le serment d’Hippocrate n’a plus lieu d’être. Il est devenu simplement une sorte de tradition pour ceux ou celles qui viennent de couronner leurs années d’études en médecine. Il en résulte ainsi que le corps médical (médecins, sages-femmes, urgentistes, …) devient des « professionnels » de la santé, préférant migrer vers le secteur privé, laissant vides les établissements publics, ceux qui se trouvent éloignés des grands centres urbains, notamment. Il suffit de scruter le nombre des hôpitaux privés qui, par ricochet accroit aussi le nombre des établissements enseignant cette matière. Ces derniers, ces temps-ci, fleurissent à une vitesse crescendo devenant ainsi, sans tenir compte de la déontologie médicale, des sources de « sous ». À ce titre, il faut saluer les efforts des citoyens engagés et de la société civile dans ses combats. C’est le cas d’Autisme Madagascar qui ne cesse de dénoncer, à cor et à cri, les pratiques de certains médecins. D’autant que les vécus des parents des enfants autistes sont effroyables sans que des sanctions soient prises contre ceux qui pourraient s’être rendus coupables de fautes professionnelles, comme les faux diagnostics, les prescriptions à tort et systématiques de médicaments, les interventions chirurgicales à tort, etc. Comme chaque année, le 2 avril, à l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, les minis­tres successifs de la Santé publique s’engagent en faveur de l'autisme. Depuis, nous attendons toujours des actions concrètes mais rien ne se passe. Comme si le pays est condamné à perpétuer ses maux plutôt qu’à les éradiquer, ou tout au moins à les apaiser. Par Mbolatiana Raveloarimisa
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