Antsiranana - Liberté de presse : Les journalistes face à la domination du numérique


La célébration de la Journée du 3 mai n’a pas eu une envergure régionale dans le Nord. Mais les débats sur les informations publiées sur les réseaux sociaux ont été très animés. LES journalistes de la ville d’Antsiranana, issus des stations privées et publiques ainsi que les correspondants des quotidiens nationaux, ont, comme tous leurs confrères de l’ile, marqué la date du 3 mai, Journée mondiale de la liberté de presse. Cette fois, elle n’a pas eu une envergure régionale, car la célébration n’a vu que les journalistes qui travaillent dans la capitale du Nord. En fait, elle a été organisée, sans grande pompe, autour de deux activités principales. Un débat s’est concentré sur le thème adopté par l’Unesco sur « Le journalisme, face à l’emprise du numérique », et une rencontre avec les autorités régionales civiles et militaires a aussi eu lieu. Tout s’est déroulé dans la grande salle de la Maison de la culture, « Banja ». Lors du débat animé par deux panelistes et les membres du bureau de l’Ordre des journalistes de Madagascar, les participants ont reconnu que le passage au numérique est incontournable à l’époque actuelle. Il facilite la tâche des journalistes. Cependant, avec l’apparition des réseaux sociaux, une nouvelle forme de liberté d’expression est née. Les possibilités pour exprimer les opinions et de s’informer augmentent chaque jour davantage! Les outils de communication numérique et les réseaux sociaux notamment ont le vent en poupe. Que de possibilités ! Mais cela génère aussi des problèmes et des abus : cyber harcèlement, cyberhaine, atteinte à la vie privée, absence de protection des enfants contre l’accès de certaines informations néfastes... Débats houleux « Sous couvert d’anonymat, de nombreux utilisateurs se permettent d’interagir parfois violemment, de diffamer, d’insulter voire de proférer des menaces. Leurs actes ne sont pas punis puisque leurs pseudos Twitter ne permettent pas de les identifier », remarque Claire Sabotsy de Radio Fagniry de l’Église catholique. Concernant l’utilisation de facebook, les discussions ont été houleuses car le journalisme subit actuellement de plein fouet les effets de la transition numérique. L’audience diminue, des émissions sont peu suivies, les invendus des journaux augmentent, des sociétés de presse tombent en faillite, la profession perd des journalistes chaque année…. Face à cette situation, la majorité des journalistes présents ont été unanimes à affirmer que les journalistes ne doivent pas publier les informations sur les réseaux sociaux, avant leur diffusion à la radio, la télévision, et leur parution dans les journaux. Cela afin de préserver la crédibilité du journalisme car rien ne peut se substituer à l’expertise journalistique. Durant la rencontre avec les autorités locales, conduites par le gouverneur Daodo Arona Marisiky, le vice-président de l’Ordre des journalistes dans la région Diana, Jean Louis Rajerson, a mis un accent particulier sur la liberté de presse et l’accès à l’information. Sans oublier de raconter la réalité vécue par les journalistes dans le quotidien. De leur côté, outre les salutations d’usage, les intervenants officiels successifs ont reconnu que le métier du journaliste n’est pas aisé, or il est utile pour sensibiliser les citoyens au développement de la région ou du pays. « Les journalistes sont des partenaires potentiels », affirme le gouverneur de Diana. Toutefois, ce dernier a lancé un appel à ne pas abuser la liberté d’expression, indissociable à la liberté de presse.
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