Au Zoma on rencontre des fleurs multicolores


«Tous les poètes, tous les amis de la nature, ont été séduits par le charme de Tananarive, ville fleurie, étendue largement sur ses collines granitiques, roses à l’aurore, plus dorées au coucher du soleil » (Dr Henri Poisson, 1952). Les uns la chantent en vers harmonieux, précise l’auteur devenu, pour l’occasion, poète lui-même, les autres ne cessent d’admirer la splendeur de ses jardins et ses belles frondaisons d’arbres séculaires. Au Jardin botanique de Tsimbazaza, à la fin de la saison sèche, les rocailles splendides offrent aux visiteurs les riches palettes écarlates ou jaune d’or des Aloe et des Kalanchoe. Les voyageurs ou les touristes qui arrivent à Antananarivo pour la première fois, sont littéralement éblouis, surtout le vendredi, par la profusion de fleurs offertes aux acheteurs. « En mai et juin, ce sont les reines-marguerites, les gaillardes, les coréopsides, les zinnias aux teintes multiples, les cosmos roses, rouges ou blancs, les tagètes rutilants d’or et les tons chauds des œillets mêlés aux suaves émanations des violettes ; en décembre, des roses et des dahlias somptueux. » À côté des végétaux autochtones, tels les orchidées, acanthacées, fougères, palmiers etc., la majeure des fleurs de France sont cultivées dans la capitale comme les roses, glaïeuls, œillets, verveines, zinnias, immortelles, pieds-d’alouette, lis, pavots, bluets, géraniums, bégonias, etc. Elles forment, dans les faubourgs et la banlieue, des étendues multicolores. Toutes les cérémonies familiales et religieuses, toutes les fêtes officielles sont accompagnées de gerbes de fleurs magnifiques, à l’exemple des naissances, baptêmes, communions, anniversaires, fiançailles, mariages, aussi bien chez les Malgaches que dans les familles européennes. « Les morts, conduits au champ du repos, ont leur cercueil disparais­sant sous d’énormes couronnes et bouquets. » Le cimetière de la ville, à Anjanahary, n’apparait pas comme une nécropole, mais offre l’aspect d’un « grand parc ensoleillé », émaillé de couleurs éclatantes et de frais ombrages. Les avenues et les places sont ornées de massifs fleuris toute l’année, et la direction des Parcs et jardins cultive sans arrêt, sur un vaste terrain, les végétaux nécessaires à la décoration des squares et des boulevards. Dans chaque maison particu­lière, aussi modeste qu’elle soit, se remarquent toujours quelques plate-bandes fleuries. « Entrez dans une de ces accueillantes demeures, vous allez y rencontrer une collection végétale qui ferait la joie et, peut-être, en certains cas, le désespoir d’un botaniste. » Les orchidées y vivent en plein air et donnent généreusement des grappes de fleurs étranges « aux parfums aussi variés que subtils ». À côté de quelques raretés de la grande forêt de l’Est, adaptées au climat changeant de l’Imerina, fait remarquer le Dr Poisson, on remarque des espèces horticoles, bien connues en France dans les serres, qui sont apportées depuis longtemps de l’Inde, de Ceylan (Dendrobium et Cypripède), de La Réunion, de Maurice, de l’Afrique du Sud ou du Kenya voire de l’Amérique (Oncidium jaunes, Sobralia pourpre dont les admirables fleurons rappellent les Cattleyas). Puis il se lance dans la description de quelques espèces d’orchidées. On y contemple aussi la « comète », la plus grande orchidée de Madagascar avec ses étoiles blanc mat et ses longs éperons verdâtres (Angraecum sesquipetale) remplacée en janvier par une autre, presque similaire, originaire des rochers de l’Imerina (Angraecum sororium) ainsi que de plus petites orchidées aux formes curieuses, « exhalant le soir une délicieuse odeur de vanille ou d’oranger». Chez quelques horticulteurs habiles et au Parc botanique, se trouvent les deux magnifiques espèces de l’ile Sainte-Marie (Eulophiella Roempleriana et Eulophiella Elisa­bethae), si rares et si recherchées dans les serres d’Europe. L’une, rouge pourpre à opulents épis, venue jadis d’Amérique, a adopté définitivement Mada­gascar comme seconde patrie. Elle est devenue malgache, s’accommodant de tous les sols, de tous les supports, de tous les climats, vigoureuse et fleurissant toute l’année. On la rencontre dans les forêts, mélangée aux espèces auto­chtones. Il s’agit de l’Epidendrum O’Brienianum. « En cette ville au charme prenant, tout le monde aime les fleurs et le commerce qui en résulte, devient chaque jour plus important. »
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