Droit de l'enfant - Un taux élevé de mariage de mineures


Les victimes de viol, de violence et d’abus sexuels sont nombreuses à Atsimo-Andrefana. La région compte le deuxième plus grand nombre d’enfants dans le pays après Analamanga.

Préoccupant. Un million cent deux mille individus sont des enfants dans cette partie Sud-Ouest de Madagascar. Le taux de mariage de filles mineures s’élève à 66%. Les mariages précoces, souvent arrangés par l’une ou l’autre famille ou les deux familles, connaissent de l’ampleur. Pas plus tard que cette semaine, une adolescente de quinze ans de Befotaka Nord dans la région Sofia a été « vendue » à un soi-disant « mari » à Toliara. Celle-ci a été accueillie par le « mari » à Toliara. Mais elle a déclaré aux assistantes sociales, être perdue, ne sachant pas comment rentrer après avoir voulu récupérer un téléphone portable mis en charge chez un épicier du coin. Dans la commune de Miary Lamatia, district de Sakaraha, une élève de quatorze ans a été mariée de force, par ses parents, à un maître d’école. La quête d’une vie meilleure pour l’adolescente et pour ses parents est citée comme raison de ce mariage précoce arrangé. La situation plus qu’alarmante sur les divers cas de violation des droits de l’enfant dans l’Atsimo-Andrefana a été résumée en un message tranchant du représentant résident de l’Unicef, Michel Saint-Lot, à l’inauguration du Centre Vonjy de Toliara. « Il est plus qu’important de lutter contre la violence envers les enfants. Le signalement des cas auprès des autorités compétentes est essentiel afin que ces dernières puissent prendre leurs responsabilités. Or, selon l’Étude nationale sur les violences faites aux enfants à Madagascar de 2018, les signalements demeurent faibles et les auteurs de violences jouissent trop souvent d’une impunité », a-t-il déclaré. Dénonciation Le cas d’un viol collectif dans la commune de Milenaka, ou encore celui d’une petite fille de quatre ans violée par son propre grand-père ont été soulignés. Au premier trimestre 2019, quatre cents cas de violences et de maltraitances ainsi que de violences sexuelles envers les enfants ont été enregistrés. « J’invite les autorités, les acteurs de la protection de l’enfant, le secteur privé, et les partenaires techniques et financiers à prendre conscience de la gravité de ce phénomène de violences faites aux enfants », a insisté le représentant de l’Unicef. Cette agence onusienne appuie le gouvernement dans la mise en place d’un environnement protecteur contre toute forme de maltraitance, de violence et d’exploitation faite aux enfants. Cinq structures du type « Centre Vonjy », celui d’Antananarivo, ouvert en 2015, Toamasina en 2016, Mahajanga et Nosy be en 2017, et maintenant le centre de Toliara, assurent la prise en charge intégrée des enfants victimes. Des prises en charge psychosociale, médicale et juridique gratuites sont réunies en un seul endroit. « Ce sont les services qui se rendent désormais disponibles aux victimes. Le Centre Vonjy est un guichet unique de soins essentiels avec un médecin, un expert, une assistante sociale, un psychiatre, un représentant de la Police ou de la Gendarmerie », a décrit Ahmad Ahmad, ministre de la Santé publique. La stratégie de protection des enfants ne réussira que si les cas sont dénoncés. Alors que peu osent encore le faire face à diverses pressions.
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