Les rois du Menabe affaiblis par les luttes féodales


Les Notes poursuivent les séries sur les royaumes indépendants malgaches avant la colonisation, avec les grands conquérants du pays sakalava et fondateurs du Menabe et du Boina. Le nom de l’un des premiers rois entreprenants de cette vaste étendue, est Andriaman­dazoala. Fils de l’ancêtre Rakibokibo, il est présenté par certaines traditions comme le premier conquérant du Sakalava et son nom reste d’ailleurs attaché à la création du premier royaume, mettent en exergue les auteurs du livre d’Histoire de Madagascar, destiné aux classes terminales et édité en 1967. Mais le plus connu est, sans nul doute, Andriandahifotsy (XVIIe siècle), le conquérant du Menabe. D’après des historiens, son origine reste certes obscure comme les deux premiers cités plus haut, mais tous les récits, traditions et témoignages s’accordent pour reconnaitre sa puissance redoutable. « Certains lui attribuent même un génie organisateur». Petit-fils d’Andriamandazoala, « ayant peut-être du sang indien ou arabe dans les veines, il est bien l’héritier des Maroseranana et le fondateur du premier grand royaume sakalava ». Les auteurs de l’ouvrage d’Histoire indiquent que les Maroseranana viennent probablement de l’Est, du pays antesaka, et leur parenté avec les dynasties voisines est probable. Ils prennent la tête des populations dispersées dans la vallée de l’Onilahy pour remonter vers le Nord. Observant la coutume des pasteurs sakalava, dont les jeunes chefs recherchent des terrains de parcours nouveaux, Andriandahifotsy s’installe dans les pays du Fiherenana, assez proches de la côte et de la baie de Saint-Augustin. Il profite de la proximité des traitants européens pour acquérir des armes à feu et des munitions qui lui donnent une supériorité militaire. « Par des alliances matrimoniales, il épouse ou fait épouser à ses enfants des femmes dont les clans deviennent ses alliés. » Il s’assure ainsi l’appui des Sakoambe, des Voroneoke, puis plus tard des Masikoro. Suzerain des pays de l’Onilahy, il contrôle le trafic des commerçants étrangers et se réserve le monopole des armes. « De nombreux témoignages européens affirment cette suzeraineté et la puissance de ce prince », tels le Français Desbrosses qui le rencontre en 1671.Sous son autorité, les Sakalava progressent alors vers le Nord et s’emparent des terrains de parcours des Antanandro. Ils franchissent successivement la Morondava, la Tsiribihina et atteignent, semble-t-il, le Manambolo. « La capitale du conquérant, Maneva, dans la Basse-Morondava, s’élève non loin de la mer, au cœur du Menabe : Andriandahifotsy est le premier grand roi sakalava. » Il est aussi un grand organisateur et, d’après les traditions, il est le père des institutions monarchiques sakalava. Il organise une féodalité quand se dispersent sur les terrains conquis ses enfants et ses proches. Ce sont ses vassaux et ils l’aident à conserver le royaume. « Est-il à l’origine de la hiérarchie des princes, qui distingue les Volamena, fils de la première épouse, des Volafotsy, fils nés des autres mariages du roi ? »La renommée et la valeur d’Andriandahifotsy placent, dès lors, le roi sakalava au-dessus des vassaux et des sujets. C’est pourquoi lui-même et ses successeurs deviennent, après leur mort, l’objet d’un véritable culte. Pour Flacourt et ses contemporains dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, le Menabe est « le pays d’Andriandahifotsy ». À sa mort, vers 1685, ses enfants se disputent ses domaines. L’un d’eux, Andriamanetriarivo sait préserver l’unité du royaume en résistant à ses frères et à ses proches. Après lui, les luttes féodales affaiblissent les rois du Menabe. Trop occupés à lutter contre leurs vassaux, ils ne peuvent réaliser leurs projets de conquête vers l’Est.Écarté du Menabe par son frère Andriamanetriarivo, un autre fils d’Andriandahifotsy, Andriamandisoarivo, porte la conquête sakalava jusqu’aux rivages où fleurit le commerce des Antalaotra. Il défait successivement les Antanandro du Nord et, au-delà de l’Ambongo, les peuples de la Basse-Betsiboka actuelle. Il atteint peut-être la Sofia et meurt vers 1718. Le fait capital de sa conquête du Boina est, sans aucun doute, le contrôle des façades maritimes du Nord-ouest, baie de la Mahajamba et îlots proches où le commerce est beaucoup plus important que celui de la côte occidentale et sud-occidentale. « La suzeraineté du roi du Boina et de ses successeurs sur les commerçants antalaotra signifiait pour eux la richesse, une armée puissante, la conquête. »
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