Diana - Alerte à l’exploitation forestière abusive


Dans la région septentrionale de la Grande île, l'exploitation forestière et la vente de bois sont des affaires qui marchent à l'heure actuelle. Le nombre d'exploitants forestiers, qu'ils aient une autorisation légale ou non, augmente. Celui des marchands de bois et des menuisiers suivent la même tendance dans la région Diana. Le prix du bois qui n’a cessé d’augmenter ces dix dernières années, a incité un grand nombre d'opérateurs malgaches à s'intéresser au secteur. Le constat a montré une prolifération des opérateurs en bois dans la région (cinquante deux ateliers dans la seule ville d’Antsiranana, trente et un à Anivorano nord, et trente six à Ambilobe). Sans compter ceux qui travaillent au niveau des communes et les informels. Cette situation alarmante a poussé la Plateforme des aires protégées (PFGAP) de la région Diana a organisé, mardi à l’hôtel Diana à Ambilobe, un atelier de concertation sur la gestion de l’exploitation forestière illicite dans les aires et nouvelles aires protégées et leur impact sur ces ateliers de bois. Cette rencontre a rassemblé différentes compétences régionales à la même table pour se pencher sur les mesures à prendre face aux menaces qui fragilisent les aires protégées et provoquent la destruction irréversible des habitats naturels par la prolifération et le développement des ateliers de bois. « Cette réunion est organisée à la demande officielle des gestionnaires des aires protégées adressée aux autorités régionales. Ils soulignent les difficultés qu’ils rencontrent face à la surexploitation des ressources naturelles forestières dans les aires protégées pour ravitailler les ateliers de bois sur tout le territoire », souligne Be Tatienne, directeur du développement régional et présidente de la PFGAP.

Débat houleux

Pour ces gestionnaires, le bois utilisé dans tous les secteurs provient des forêts. Cette présence d'exploitants illégaux est souvent à l'origine de la destruction de celles-ci. Lors d’un débat très houleux, des participants ont évoqué que la majorité des bois d’œuvre utilisés provient des aires protégées dont les pillages se font jour et nuit. Ainsi, une grande partie des produits destinés à faire fonctionner les ateliers dans ces districts sont illicites car beaucoup de propriétaires, pour ne pas dire aucun, ne disposent de permis de coupe. Ce que les menuisiers et les marchands de bois présents dans la salle ont catégoriquement nié. « Vous n’êtes pas justes, vous nous accusez avec quelques bois utilisés pour subvenir quotidiennement à nos familles respectives, mais vous ne prenez jamais des mesures pour réprimer ceux qui exportent illicitement nos riches essences à l’aide de camions et de containers », s’insurge le propriétaire d’un atelier de bois d’Anivorano-Nord. L’on sait, à l’issue de la rencontre, qu’une centaine d’ateliers sont actuellement actifs dans la région. Certains propriétaires payent une patente en bonne et due forme. Ce qui cautionne implicitement le pillage qui provoque la dégradation irréversible du patrimoine naturel orchestrée par ces opérateurs économiques peu soucieux de la durabilité des ressources sur lesquelles repose pourtant leur activité principale. Enfin, après une longue discussion, suivie de travaux de groupes, les participants ont trouvé un terrain d’entente équitable, cohérent et coordonné réajustant la balance entre les intérêts économiques locaux et les enjeux environnementaux vitaux assurés par les services écologiques des aires protégées. En outre, des résolutions ont été proposées face aux difficultés énumérées afin de gérer surtout la prolifération des ateliers de bois,.Lors de la séance de restitution, la mise en place d’associations formelles de menuisiers et de marchands de bois, le lobbying auprès de la Société Fanalamanga, le renforcement des capacités des menuisiers régionaux, ainsi que la continuité de la collaboration entre les autorités et le secteur bois ont été priorisés.  
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