Michel Déo RAOELIARIMANANA - « Les potentialités de Vakinankaratra sont mal exploitées »


Cet opérateur économique dans le Vakinankaratra tire la sonnette d’alarme sur la dégradation de la région. En tant qu’opérateur économique dans le Vakinankaratra, comment trouvez-vous le développement de cette région ? La région du Vakinankaratra ne se développe pas comme il se doit. La région a plusieurs potentialités, mais elles sont mal exploitées.   Pouvez-vous être plus explicite ? 80 % de sa population sont des paysans, et le sol est fertile. Avec ces potentialités, la région peut passer à l’autosuffisance alimentaire et, pourquoi-pas, ravitailler les régions voisines ? Mais ce n’est pas le cas. Au contraire, une grande partie de la population souffre de la malnutrition chronique. Par ailleurs, l’acheminement des produits agricoles vers les consommateurs s’avère ardu, vu la difficulté d’accès vers les zones productrices. Plusieurs routes se trouvent dans un état lamentable. Les collecteurs en profitent pour acheter les produits à très bas prix. Les paysans en souffrent. Les routes doivent être réhabilitées pour améliorer le secteur agricole.   Qu’en est-il des multiples industries implantées dans la Ville d’Eaux ? Le secteur industrie souffre également. Les matières premières sont inexistantes. Prenons l’exemple de l’usine de production de farine. Comme les paysans ne produisent pas de blé, l’usine doit en importer. Et c’est cher. Les zones franches se développent dans cette région, mais elles paient les jeunes avec un maigre salaire.   Et le secteur tourisme ? Malheureusement, le Vakinankaratra n’est plus qu’une localité de passage des touristes. Il n’y a que les hôtels et les opérateurs de transport qui en profitent. La région dispose, pourtant, de plusieurs sites touristiques qu’on peut exploiter.   Toutes les villes du Vakinankaratra sont-elles électrifiées ? Cette électrification est une autre problématique. Plusieurs villages ne sont pas électrifiés. Cette électrification doit être une priorité car le problème favorise l’exode rural. Sans électricité, les jeunes des milieux ruraux manquent d’activités. C’est aussi nécessaire pour le développement de l’administration. Nous proposons de modifier le système au niveau des fokontany, les doter de matériel informatique pour informatiser l’administration. Comment ces problèmes de développement se manifestent-ils sur la vie de la population ? En général, la population est vulnérable. Son faible pouvoir d’achat ne lui permet pas de subvenir à ses besoins. Et pire, lorsqu’une personne est hospitalisée, sa famille fait la quête auprès de ses voisins, car elle ne dispose pas d’argent pour payer les frais de prise en charge. Comment expliquez-vous cette dégradation de l’économie du Vakinankaratra ? Il s’agit d’un problème d’administration. Les dirigeants de la région, notamment, ceux des communes n’ont pas fait de leur priorité la vie de la population, ils ont négligé le développement local, au niveau des fokontany. Il leur manque le patriotisme. Les dirigeants doivent être des personnes qui manifestent un patriotisme chauvin. Ils doivent, par ailleurs, être des personnes responsables.   Quelles solutions proposez-vous pour développer cette région ? L’exploitation réglementée des ressources de la région, à savoir les pierres précieuses, l’amélioration de la production agricole, en dotant les paysans de larges étendues pour effectuer leurs activités, et la construction de barrages, sont des propositions de solutions pour développer la région. Car l’accès à l’eau devient difficile. Le lac Andraikiba, par exemple, commence à tarir, alors que le nombre de la population ne cesse d’augmenter. L’employabilité est aussi importante.  
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