Texto de ravel


Un voleur/ une voleuse a dérobé mon téléphone et mon portefeuille le 23 décembre dernier lors du bazar de lever de fonds pour les écoles pour les enfants handicapés. J’ai perdu ainsi tous mes papiers comme la carte d’identité nationale, les cartes bancaires, mon permis de conduire, plusieurs chèques. Mais aussi, une petite boucle d’oreille en or venant de ma grand-mère que ma sœur avait portée et qu’elle a donnée pour que ma fille puisse la mettre à son tour. Un précieux héritage qui aurait dû se transmettre à la quatrième génération. Mis à part les tracasseries pour refaire tous les papiers, le coup émotionnel était très grand. Ce n’est pas tant le téléphone en soi qui me chagrinait mais tous les souvenirs partis en un clin d’œil. Des années de mémoires des efforts et des étapes que mon fils autiste a faits, les années d’évolution, de moments difficiles et les petits miracles. Des photos qui sûrement seront effacées et perdues à jamais. Les rares photos de mon vieux père avec mes enfants, etc. La liste de raisons pour en vouloir au voleur serait très longue. Une réaction normale face à une telle situation. Toutefois, croyant fortement au karma, j’ai décidé de faire juste ce que je devais faire (aller porter plainte, faire les déclarations de vol, essayer tant bien que mal de refaire tous les papiers, etc.) et de laisser agir l’univers. Aussi, je voudrais vous parler de l’autre facette de ce vol. Un côté qui m’a amenée sur les sentiers que je n’aurais jamais imaginés. Je suis reconnaissante pour ce vol car elle m’a permis de comprendre et vivre certaines choses. Gratitude car j’ai retrouvé une qualité de quiétude inestimable sans mon téléphone. Pas d’appels, pas de réseaux sociaux, pas de messages…aucune pression. C’était une véritable cure de désintoxication car la dépendance à l’écran et les réseaux sont une cinglante réalité. J’avais du jour au lendemain énormément plus de temps. Je me sentais bénie de pouvoir apprécier de nouveau la réalité et l’élasticité du temps. J’ai pu passer de précieux moments de fêtes et de redécouvertes avec mes enfants. L’avantage malin de ne pas avoir de téléphone est de n’avoir pas à répondre aux centaines de messages et appels durant les fêtes. Je suis asociale me diriez-vous, un tantinet impoli. Peut-être, mais comme cela fait du bien de ne pas être sujet à tout cet exercice. C’est ainsi que j’ai aussi tiré la leçon de vie sur l’importance des moments fort passés ensemble. Ils resteront gravés dans nos esprits sans appareil photo. Difficile, mais l’apprentissage est très intéressant. Pour ce faire, il faut travailler la présence. C’est-à-dire vivre en pleine conscience chaque moment pour que cela soit buriné dans nos mémoires. Décorer le sapin de noël, jouer à la dinette en mode piquenique au beau milieu du salon, acheter des fleurs, faire la table de Noël : des moments anodins mais tellement précieux. Il est vrai que c’est impossible de pouvoir se souvenir de tous les détails, mais l’on se souviendra très probablement des bonnes sensations. Finalement, j’ai pu me détacher du matériel et de ma tristesse en ayant la réflexion que c’était mieux ainsi. Gratitude envers celui ou celle qui a volé mes affaires car c’est le plus beau cadeau dont j’avais besoin. Puisse-t-il/elle trouver la paix que j’ai pu avoir à travers cet acte. Merci.
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