Exutoire


Sortir de chez soi et devoir s’insérer dans des embouteillages apparemment incompré­hensibles. À rouler au pas, le calcul est vite fait du nombre de taxibe dans cent mètres d’embouteil­lages : une bonne dizaine. Ce mode de transport s’est malheureusement imposé aux bus traditionnels, avec leurs places assises réservées aux femmes enceintes (bevohoka), aux vieux (zokiolona) ou aux handicapés (kilemaina) : rien que cette petite inscription, «toerana voatokana», au-dessus des places en question, suffisaient à culpabiliser quiconque y avaient malencontreusement pris ses aises. «Je vous en prie», «Mais, non, je n’en ferai rien» : le marchandage de circonstance, entre celui qui s’apprête à céder sa place à la femme enceinte ou encombrée d’un bébé et ladite «Maman», symbolisait un certain art de vivre sans qu’on en avait conscience sur l’instant. C’est-à-dire à l’époque. Le bon vieux temps d’une certaine civilisation à des années-lumière de la barbarie actuelle qui s’affiche à la Une des faits divers : des armes de service confiées au tout-venant qui s’empresse de la brandir à tort et à travers ; les taxibe, si justement surnommés cercueils ambulants, et dont l’existence même est une insulte au bon-vivre-ensemble ; ces hommes et ces femmes qui urinent ou défèquent au vu et au su de tout le monde en pleine rue : que leur reste-t-il de notre Humanité ? Chercher une place de parking et voir toutes les places occupées par des taxis. À Ambohijatovo vers Ambatonakanga, à Ambohipo devant l’agence BNI, sur la Route Circulaire en face de l’agence BFV-SG Antsakaviro : il y a plus de taxis que le nombre autorisé par le panneau «Tête de file» et empiètent sur toutes les places alentour. Mais, les policiers de ne jamais rien dire. Par contre, avisez-vous de vous garer au stationnement taxi d’Ambatonakanga-Quatre-Chemins, et un flic viendra vous signifier de vous déplacer. C’est pourtant simple : si les dix places réservées aux taxis sont prises, le onzième taxi doit circuler. Et comme pour les taxibe, le nombre de taxis est-il indéfiniment extensible dans une Ville déjà saturée comme Antana­narivo ? Ces petites choses de la vie peuvent rendre justement cette vie impossible. Par ce coup de gueule, j’espère avoir donné un exutoire à vos coups de sang.
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