Hommage aux Enseignants


En 1966, les organismes onusiens avaient adopté des recommandations concernant la condition du personnel enseignant. Cette année-là, sans qu’elle soit sans doute informée de cette gesticulation symbolique, ma mère allait embrasser une profession dont elle fera son sacerdoce. Sans cette «vocation» maternelle, je ne serais pas là aujourd’hui à chroniquer. Et certainement pas avec cette tranquille arrogance d’inventer des «barbarismes» qui ne sont que néologismes, dans une langue française que ses vrais amoureux sauront alimenter dans la logique et la cohérence de ceux qui en furent les gardiens depuis, au moins, le Littré. À l’orthodoxie grammaticale et orthographique toute professorale de ma mère, mon père sut nous apporter l’espièglerie de ses lectures «à la Prévert». Cependant, en classe de Troi­sième, ma prof de français (que je saluerai toujours, même 37 ans après) me fit passer la fantaisie d’écrire «développement», autrement qu’avec un seul «L» mais deux «P», rien qu’en invoquant l’honneur bafoué de ma prof de français de mère. Une époque qui n’admettait aucune faute d’orthographe. Les accents étaient «graves» ou «aigus» quand ils ne s’écrivaient pas «circonflexes». Voire à tréma. De «français facile», il n’était pas question. Ce 5 octobre 2021 était censé être la «journée mondiale des Enseignants». De leurs conditions de travail. De leur considération sociale. De leur juste rémunération. Ma mère est à la retraite de la Fonction Publique depuis près de vingt ans sans qu’une once de considération soit venue bonifier ses diverses primes que la République a oublié d’actualiser. Cobaye corvéable sans merci d’un système ingrat, «nitsipadoha ny laka nitana». Elles et ils sont des milliers dans son cas: que cette Chronique leur soit hommage. «Que chaque apprenant puisse se former auprès d’un enseignant qualifié»: sans attendre qu’UNICEF, UNESCO et OIT s’associent à faire théorème d’une évidence de bon sens élémentaire, c’était déjà la philosophie cinq fois millénaire des civilisations chinoise, indienne ou pharaonique.
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