Diplomatie - Une ambassadrice à la tête de la délégation de l’Union européenne


Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que le remplaçant du précédent ambassadeur de la délégation de l’Union européenne débarque. La nouvelle titulaire du poste s’est présentée au ministère des Affaires étrangères, hier. Une première. Isabelle Delattre Burger, est la nouvelle ambassadrice de la délégation de l’Union Européenne (UE), à Madagascar. Il s’agit de la première femme qui sera à la tête de la représentation diplomatique de l’UE dans la Grande île. L’historique de la représentation diplomatique de l’organisation continentale européenne à Madagascar indique que jusqu’ici, il n’y a eu que des hommes à sa tête. La nomination d’Isabelle Delattre Burger brise cette dynamique. Sous un certain angle, il s’agit aussi d’une petite révolution en matière de genre pour l’ambassade sise dans les locaux de la Tour Zital, Ankorondrano. La nouvelle patronne de la délégation de l’UE, de nationalité française, a présenté les copies figurées de ses lettres de créances, hier, à Richard Randriamandrato, ministre des Affaires étrangères. Sauf changement, la nouvelle ambassadrice de la délégation de l’Union Européenne présentera ses lettres de créances à Andry Rajoelina, président de la République, demain, au palais d’État d’Iavoloha. Outre le fait qu’elle est la première femme à la tête de l’ambassade sise à Ankorondrano, il s’agit également de la première expérience en tant qu’ ambassadeur ou plutôt ambassadrice pour Isabelle Delattre Burger. A la lecture de son curriculum vitae (CV), la diplomate n’a pas encore été à la tête d’une ambassade avant sa nomination à Madagascar. Selon son CV, Isabelle Delattre Burger a essentiellement fait ses armes au sein de la Commission Européenne. Elle a toutefois connu une expérience auprès d’une ambassade en tant que première conseillère en développement durable auprès de la délégation de l’UE à New-York. Son expérience dans le domaine du développement durable pourrait être un atout étant donné les enjeux du moment. Les dossiers diplomatiques entre Madagascar et l’Union Européenne ne devraient pas, non plus, être une surprise pour la nouvelle ambassadrice. Mi-figue, mi-raisin Toujours d’après le curriculum vitae, avant sa nomination pour diriger l’ambassade d’Antananarivo, Isabelle Delattre Burger, a été chef d’unité Afrique australe et océan Indien à la Commission européenne. La coopération avec quatorze pays et la supervision de douze délégations de l’UE, dont la Grande île, a été ses principales attributions. Isabelle Delattre Burger débarque à Madagascar quelques jours après le départ de Giovanni Di Girolamo, son prédécesseur. Elle arrive dans un contexte où la qualité des relations entre la Grande île et l’Europe est mi-figue, mi-raisin au regard des dernières actualités. Après le dernier dialogue politique entre l’Exécutif et les ambassadeurs européens au palais d’Etat d’Iavoloha, en début août, l’UE vient d’annoncer qu’elle prévoit une allocution de 325 millions d’euros dans le cadre du Programme indicatif pluriannuel (PIM). Une annonce faite juste avant les séries de présentations officielles de la nouvelle ambassadrice. L’information a été rapportée par la presse durant le week-end et hier. D’autres informations, cette fois-ci, brûlantes ont également animé les relations entre l’Europe et Madagascar, la semaine dernière. Il y a d’abord eu la réaction de Nabila Massrali, porte-parole pour les affaires étrangères et la politique de sécurité du Service européen pour l’action extérieure, suite à la tragédie d’Ikongo. «Elle condamne l’usage excessif de la force ayant mené à la mort d’une vingtaine de personnes et appelle à une enquête indépendante afin d’établir les faits et de traduire en justice toute personne ayant enfreint la loi», indique la missive qui rapporte la déclaration faite le 31 août. L’autre information qui a fait l’effet d’une bombe est le rapport final d’évaluation de la Mission d’observation électorale de l’UE (MOEUE). La Mission d’observation électorale affirme ses doutes sur l’indépendance de la Haute cour constitutionnelle et la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et pointe du doigt des limites à la liberté de la presse et à la liberté d’expression. La MOEUE affirme des avis cash, au point que l’ambassade européenne à Antananarivo a dû préciser que «(...) Les informations et opinions présentées dans ce rapport sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement l’opinion officielle de l’Union Européenne». Bien que les relations diplomatiques entre Madagascar et l’Europe semblent au beau fixe, les instances européennes et même les entités qui sont indépendantes de celles-ci n’hésitent pas à recadrer lorsqu’il est question de droit de l’homme, d’État de droit et bonnes gouvernances, ou encore, du respect des libertés individuelles. La nouvelle ambassadrice de la délégation de l’UE débarque dans une conjoncture pré-électorale. Elle devra ainsi rapidement plonger dans le grand bain s’agissant du volet politico-diplomatique de son mandat. Son parcours académique en science de l’information à l’Institut d’étude politique de Paris et son bref passage dans le journalisme ne seront pas de trop pour Isabelle Delattre Burger, dans la gestion de la communication pour les prochains mois qui s’annoncent électriques pour Madagascar, en vue de l’échéance électorale de 2023. Outre la question politique, la nouvelle ambassadrice aura également à reprendre en main le dossier des négociations pour le renouvellement de l’accord de pêche entre Madagascar et l’UE. Un travail inachevé par son prédécesseur.
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