Ils rebroussent chemin


Et le miracle s’est produit. Comme aiment clamer haut et fort ces prédicateurs à la langue fourchue pour mieux embobiner leurs fidèles, souvent des petites gens peu instruites, composant un terreau propice à la crédulité. Cette fois-ci, la réalité a de quoi surprendre. Des taxis-be ont décidé d’appliquer le tarif à 500 ariary. Mais quelques jours plus tard, ils ont fait marche arrière pour revenir à 4OO ariary. Un fait inédit qui ne court pas les rues. L’augmentation n’a pas fait l’unanimité. Au départ, seules les coopératives réunies au sein du FMA qui s’efforcent d’offrir des services de meilleure qualité ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Mais, tels des moutons de Panurge, les autres ont suivi le mouvement. Avec déjà un mois de retard et autant de manque à gagner. Ces retardataires ont espéré un nouveau réajustement des prix du carburant. Ce qui n’a pas eu lieu. Aussi, ces transporteurs peu respectueux des passagers ont-ils été privés de l’un de leurs arguments favoris pour motiver une pénalité à infliger aux pauvres usagers, presque devenus leurs otages tous les jours. Car, il n’a jamais été question d’amélioration de leurs piètres prestations. Loin s’en faut. Des tas de ferrailles amortis depuis la nuit des temps continuent de servir ou plutôt de sévir avec d’éventuelles pannes sèches en cours de route. Bouchant pour des heures la circulation. L’itinéraire initial change au gré du feeling du chauffeur et de son assistant. L’essentiel pour eux est de rentabiliser au plus vite les parcours. Quitte à écourter la boucle et obliger les uns et les autres à descendre sans qu’ils aient eu le temps d’arriver à destination. Cette pratique innommable voit le jour dès la tombée de la nuit. Les chamailleries sur les monnaies sont fréquentes et courantes. Des altercations avec les receveurs, violentes et haineuses, éclatent sur fond d’insultes. Prendre un taxi-be est tout sauf une partie de plaisir. Les courses poursuites dans les ruelles déboussolées de la capitale ont fauché la vie de nombreuses innocentes. Partout dans le monde, l’État prend en charge les transports publics. Des activités économiques et financières vouées à être déficitaires. À titre d’illustration, Les dettes abyssales de la Société nationale de chemin de fer, SNCF, en France. L’idée de la privatiser a effleuré l’esprit du Premier ministre Edouard Philippe. La réaction des premiers intéressés, les employés, a été à la hauteur de leur appréhension. Des grèves par intermittence s’étalant sur des mois de bras de fer. L’arrêt du travail des cheminots n’a pas été total dans le souci de ne pas trop sanctionner les abonnés. Mais d’énormes perturbations ont été enregistrées. À Madagascar, les déroutes de Fibata, FIMA et Antafita, à cause des gestions politiciennes où le népotisme l’a emporté sur les compétences dans le recrutement du personnel, ont douché l’ardeur de l’État à reprendre la main. Il a laissé la voie libre, ouvert un boulevard aux coopératives qui, elles-mêmes, conscientes de leurs omnipotences, ont imposé un monopole de fait. Leurs dirigeants n’accepteront jamais l’entrée en lice des concurrents. Comme les bus intelligents qui ont disparu de la circulation avant même le premier arrêt. Quel gâchis. par Eric Ranjalahy
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