Les Canadiens s’y mettent aussi ?


Une fois de plus, les organisations de la société civile travaillant dans le domaine du foncier tirent la sonnette d’alarme. Après les déboires des sociétés minières asiatiques, notamment des entreprises chinoises, une, Canadienne est montrée du doigt. Comme à l’accoutumée, ce sont les populations locales qui sont victimes de l’accaparement des terres. Accaparement, un mot à la fois vrai et faux dans le contexte malgache. Vrai, car les tenants des terres, qui sont généralement les fokonolona sont spoliés de leurs biens souvent des héritages de leurs ancêtres. Faux, parce que les spoliations se font d’une manière « légale » dans beaucoup de cas. Soulignons les guillemets entre le terme « légale » car comme disait un détenu dans la prison de Majunga : la justice c’est d’en avoir les moyens financiers. Cette fois-ci, une lettre ouverte est lancée à l’endroit de Messieurs le Secrétaire d’État à la Gendarmerie Nationale, du Commandant de Groupement de Toamasina et du Commandant de Compagnie de Brickaville. Les dénonciateurs les somment de ne pas soutenir la violation de droit de propriété foncière de la population qui est actuellement effectuée par la société minière DNI dans le village d’Ambatolampy, situé dans le Fokontany de Vohitsara, Commune rurale d’Ambinaninony, District de Brickaville. D’un autre côté, les efforts développés par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) pour redorer son image auprès de la population pourraient encore en prendre un sacré coup. De l’autre, les éléments rapportés par la fameuse lettre mettent au grand jour des faits qui seraient tout à fait contradictoires aux valeurs portées par le « grand » Canada. En effet, selon cette lettre, le samedi 02 septembre 2017, la société DNI aurait été assistée par des éléments de la gendarmerie pour l’excavation des parcelles de terres de la population du village, sans leur consentement. Pourtant, la société serait en irrégularité face aux dispositions du Code minier concernant l’incompatibilité de son statut juridique par rapport à la catégorie de permis minier qu’elle détient. À savoir que son permis serait dans la catégorie « PRE » destiné uniquement aux personnes physiques de nationalité malagasy et les groupements légalement constitués d’individus de nationalité malagasy et utilisant des techniques artisanales. Or, la société DNI, dont sa maison mère siège à Ontario, au Canada, serait une grande société minière d’envergure internationale. Des équipes d’experts miniers et de défense des droits humains auraient à cet effet effectué une mission de constatation le 25 août 2017. De gros engins mécaniques modernes pour la réalisation des activités minières ont été observés sur les lieux, tout à fait contraire à l’aspect dit « artisanal » adéquat au permis qui serait en possession de l’entreprise minière. D’autres faits sont décriés par la population locale et portés par les organisations de la société civile. Notamment, une étude d’impact environnementale (EIE) face à l’envergure des travaux que la société est en train d’effectuer malgré la non-acceptation des autochtones. Les membres de la population du village d’Ambatolampy auraient affirmé qu’ils n’ont jamais été contactés par la société DNI pour des questions liées aux impacts environnementaux et sociaux préalablement à ses activités d’exploration. Tristement, quand la grande muette parle, c’est pour faire pleurer celle qu’elle devrait normalement protéger. Quand l’or, le Nickel, le Cobalt, le Graphite et autres minerais parlent, la justice et la loi se taisent. Espérant que les représentants de ce beau pays qu’est le Canada feront mieux que ceux de la Chine pour pacifier l’affaire et que les premiers responsables des Forces de défenses et de sécurité alloueront au traitement de ce dossier une exemplarité à la hauteur de la réforme qu’ils concoctent. Par Mbolatiana Raveloarimisa
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