Nosy Be - Le marché parallèle des devises explose


Le tourisme semble favoriser la circulation des devises. Au point que les changes clandestins prolifèrent au vu et au su de tous. Les euros circulent à Nosy Be. Dans les restaurants et au marché, dans les discothèques, au bord de la plage, en passant par les taxis et même les petites épiceries, il n’existe pas un moment sans qu’on parle d’euros. Le sujet est au cœur de toutes les conversations. Mention particulière pour la vie  dans le village d’Ambatoloaka, considéré comme le Saint-Tropez  de Nosy Be où même les « filles» du village ne cachent plus leurs portefeuilles bourrés de petits billets d’euros. Le marché informel de devises est au bord de l'explosion, malgré l’existence d’un bureau de change officiel qui essaye de lutter contre l’infraction. « La mise en place du bureau de change officiel n’a pas fonctionné comme il se doit, car même les émigrés, les retraités en euros et les importateurs alimentent le marché noir », a révélé le gérant du « Royal Change » sis à Ambatoloaka. Il existe actuellement trois catégories de personnes qui  effectuent des changes illicites. La première catégorie regroupe des employés d’hôtel qui jouent les intermédiaires entre les touristes clients de l’hôtel où ils travaillent et le bureau de change. Ils prennent les euros des vazaha à 3 000-3 200 ariary pour les vendre à 3 300-3 450 ariary chez les autres cambistes installés devant le grand marché. Ils essaient d’amadouer leurs clients en disant qu’il n’y a pas de bureau d’échange d’argent officiel dans le village. Les petits commerçants et même ceux qui détiennent les kiosques de mobile banking figurent dans la deuxième catégorie. Tandis que les prostituées sont classées dans la dernière catégorie. Selon les indiscrétions, les devises collectées sont envoyées dans la capitale où il existe des preneurs  encore informels. Forte demande Lors de notre passage sur place, l’on a remarqué que les collecteurs clandestins ne s’intéressent pas aux petites coupures de 10 ou 20 euros. Ils sont à la recherche des billets de 200 ou 500 euros, ce qui favorise seulement l’opération du bureau de change parce qu’il prend jusqu’aux petites monnaies. « La demande reste relativement importante. C’est la raison principale pour laquelle l’euro est négocié au prix fort», confie Éléonore Nenisoa, gérante du Royal change. A en croire cette dernière, cette demande est boostée particulièrement par les importateurs et les grosses fortunes. La période de fêtes de fin d’année, propice aux voyages à l’extérieur pour de nombreux étrangers, contribue aussi à cette hausse de la demande sur la monnaie européenne, précise-t-elle. Il n’existe pas réellement de stratégie fiable pour lutter contre le marché parallèle de devises à Nosy Be. Il serait toléré par les pouvoirs publics. Pour preuve, à quelques mètres d’une poste avancée de la police à Ambatoloaka, au vu et au su des policiers, les cambistes effectuent des opérations d’achat et de vente sans être inquiétés. Cas similaire pour ceux qui opèrent  devant le « Bazary Be » à Hell-ville. La pratique est devenue, avec le temps, tellement ordinaire que personne n’y trouve rien à redire. On s’est même permis le luxe de lancer un site internet dédié à ce marché illicite. « Cela fait plus de cinq ans que je travaille ici au noir. Même si la police ne nous pourchasse pas, les conditions de travail sont pénibles. Franchement, j’ai envie de laisser tomber tout ça et d’entrer dans la légalité. En plus, c’est l’assurance d’un gagne-pain pérenne. En tout cas, c’est une bonne chose », réagit un cambiste clandestin, une liasse de billets européens dans la main. Raheriniaina
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