Filet de sécurité - Ruée vers la distribution des vivres


Les lieux de distribution des filets de sécurité dans la capitale ont été noirs de monde, hier. Des milliers de personnes se sont ruées vers ces endroits, dans l’espoir de bénéficier des aides de l’État. On comptait à peu près quatre mille personnes sur le terrain d’Ankadikely Ilafy, hier, où une distribution de vivre se déroulait. « Même les ménages qui n’ont pas eu de tickets sont venus, après le discours du Chef d’État, qui indiquait qu’aucun foyer vulnérable ne sera laissé pour compte. Le hic, c’est que tout le monde est, en ce moment, vulnérable. Même les ménages de niveau de vie moyen ont basculé dans la précarité », lance une autorité à Ankadi­kely Ilafy. Même scène à Alasora, et à Itaosy où la plupart des habitants de ces communes sont sortis de chez eux, pour récupérer le sac de riz et les autres produits de premières nécessités, promis par l’État. Les bureaux de fokontany de la plupart des arrondissements de la capitale ont été, également, envahis par une foule qui est au bord du gouffre. « Donnez-nous du riz! Nous avons faim ! Résolvez nos problèmes! », peut-on lire sur un carton, écrit par des habitants du fokontany d’Andron­dra qui réclamaient les vivres. « Ma vie n’a jamais été aussi dure, que maintenant. J’ai du mal à trouver de l’argent pour payer mon loyer de 120 000 ariary par mois et pour faire vivre mes six enfants », déplore Justine Ravoahanginirina, mère de famille à Andraisoro. Elle a fait plusieurs va-et-vient entre chez elle et le bureau du fokontany, pour espérer augmenter sa chance de figurer dans la liste des bénéficiaires. Beaucoup sont arrivés dès l’aube, dans ces lieux de distribution de vivre. L’attente fut trop longue, les gens se bousculaient, que certains se sont évanouis. Les gestes barrières n’étaient plus respectés. La population oubliait qu’on lutte encore contre l’épidémie de coronavirus. Elle est engloutie par sa survie. Un grand nombre de personnes est, malheureusement, rentré les mains vides. Elles ne sont pas inscrites dans la liste des bénéficiaires. La tension est montée d’un cran. « Le Président de la République a bien dit que tous les ménages recevront cette aide. Mais arrivés ici, on nous dit qu’on n’est pas sur la liste ! On n’a jamais bénéficié de l’aide de l’État, depuis le confinement, alors que nous sommes bien en situation de précarité! J’ai perdu mon emploi », assène Riccardo Tahianarisoa, père de famille. On a renversé un bac à ordures et on a brûlé des cartons dans les rues, à Androndra, comme signe de protestation. On a hué les responsables de la distribution du PPN et les responsables de plusieurs fokontany. Il a fallu l’intervention des forces de l’ordre, pour apaiser les tensions. Dans certains fokontany comme à Andrano­manalina, à Andraisoro, ou encore à Androndra, les présidents de fokontany sont accusés d’avoir détourné les vivres. Des accusations qu’ils déclarent fausses. « Nous n’avons pas volé les vivres. Les ménages qui ont déjà bénéficié du « tosika fameno », ne jouiront plus du « vatsy tsinjo », c’est l’instruction qu’on a reçue », affirment des responsables de fokontany. C’est effectivement ce qui a été dit, lors du regroupement des présidents des cent quatre-vingt-douze fokontany de la CUA, des chefs districts et des délégués au maire, hier.
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