plaques rouges - La gabegie de l’état


Le retour aux plaques rouges pour les véhicules administratifs est largement suivi. La mesure révèle les dépenses de l’État en matière de matériel roulant. Salon de l’auto. Une expression prononcée par un ton ironique par des citoyens éblouis par la lustre des voitures stationnées sur la plupart des parkings des institutions et établissements publics. Le retour aux plaques d’immatriculation de couleur rouge des véhicules administratifs, exigé par Christian Ntsay, Premier ministre, révèle qu’en fait, la quasi-totalité de ces « voitures de luxe », notamment, ont été achetées avec les deniers publics. De ce constat, d’aucuns déplorent le contraste du train de vie de l’État avec la pauvreté du pays. « L’admi­nistration semble ne pas savoir où se trouve ses priorités. Les dépenses faramineuses en voitures de fonction et de service pourraient servir à d’autres projets servant plus à l’intérêt général », opine un observateur dans un échange privé. Selon la Banque mondiale, pour l’année 2017, plus de 76 % des Malgaches vivent en dessous du seuil international de pauvreté de 1,90 dollar par jour, en parité du pouvoir d’achat. Rien qu’en achat du matériel roulant, de prime abord, l’administration publique ne semble pas manquer de moyens. Sur internet, les prix des Land Cruiser V8, dont sont friands les hauts responsables politiques et administratifs, s’affichent entre soixante et soixante-quinze mille euro. Il y a aussi les voitures de fonction des directeurs et même des chefs de service dans certains départements. L’acquisition de matériel roulant fait partie des dépenses, visiblement, incontournables de la loi de finances. Au regard des plaques d’immatriculations de plusieurs voitures administratives qui circulent actuellement dans la capitale, leurs acquisitions sont vraisemblablement récentes. Certaines immatriculées en WWT ou WWA sont neuves. Dépenses journalières Comme l’indique l’analyste, l’État devrait songer à plus de parcimonie dans ses dépenses et songer à ses réelles priorités. Concernant les véhicules par exemple, les forces de l’ordre se plaignent systématiquement du manque de matériel roulant, notamment pour leurs actions en zones rurales. Dans les grandes villes, même à Antananarivo, pour avoir le service de certains départements au sein des forces de l’ordre, les particuliers doivent, soit les véhiculer avec leur propre voiture, soit payer les dépenses en carburant. Les garages administratifs et parkings de plusieurs départements regorgent pourtant de voitures en panne et non réparées depuis plusieurs mois. La plupart d’entre elles sont revendues clandestinement à moindre prix sur le marché des voitures d’occasion, ou encore reprises en tant que véhicules privés par des membres du personnel de l’administration. Les hôpitaux publics, par ailleurs, doivent s’en remettre aux dons pour avoir des ambulances, pareillement pour les pompiers. Internet affiche pourtant le prix d’une voiture ambulance aux alentours de trente mille euro. Dans le contexte des préparatifs du processus électoral, les aides périodiques de certains partenaires s’alignent avec le prix d’un Land Cruiser V8. « À côté des voitures, il y a les dépenses en carburant. Les dépenses journalières de l’État en la matière s’estime en milliards d’ariary », déplore une source avisée. La majorité du budget de l’État est dépensé en budget de fonctionnement. Les dirigeants sont conscients que renverser la tendance pour donner la part belle au budget d’investissement est nécessaire. Dans un communiqué daté du 24 juillet, la Prima­ture motive le retour aux plaques rouge par le principe de redevabilité de l’administration publique. Elle « permet de matérialiser la transparence dans l’utilisation des moyens de l’État et d’éviter que cette utilisation ne se fasse de manière abusive », souligne la missive. Revoir à la baisse les dépenses relatives au matériel roulant pourrait, du reste, être un début d’économie pour un État qui vit, vraisemblablement, au-dessus de ses moyens.  
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