Presse à la ligne


Autant on attendait avec impatience les précisions des membres du gouvernement sur les mesures prises à propos du retour du confinement dans la région Analamanga, autant on en sortait avec plus d’incertitude et d’incompréhension. Des prestations marquées comme d’habitude depuis le début de l’état d’urgence sanitaire par une cacophonie dans l’explication des décisions adoptées. Les intervenants s’emmêlent le pinceau et les uns piétinent la plante bande des autres. Morceaux choisis. La ministre de la communication annonce que les taxis peuvent fonctionner jusqu’à midi mais ne doivent transporter que des malades ou des acheteurs de médicament. Le ministre du Transport et du tourisme rectifie que les taxis peuvent embarquer des passagers ordinaires jusqu’à midi et des malades ou des acheteurs de médicaments jusqu’à 14 heures. Qui croire? La ministre de la Communication annonce que les journalistes peuvent circuler librement et vaquer à leurs occupations habituelles, la ministre du Commerce et de l’industrie la contredit et jette un pavé dans la mare soulignant que les crieurs de journaux, agents sécréteurs de propagation de la Covid-19, ne pourront pas travailler. On en perd son latin. Laquelle des deux ministres est le mieux placée pour aborder ce sujet? Les crieurs sont donc plus dangereux que les attroupements devant les épiceries et la ruée vers les grandes surfaces. C’est d’autant plus déconcertant que l’annonce a été faite à une heure où certains titres ont été déjà imprimés. Mais là où on est complètement ahuri, c’est quand un ministre considère que les journaux ne constituent pas un produit essentiel et affirme par dessus le marché que les crieurs de journaux sont des facteurs de propagation du coronavirus. Son collègue venait pourtant d’annoncer la reprise de la distribution de Vatsy Tsinjo, une occasion de rassembler des milliers de personnes sans le moindre respect des gestes barrières. On comprend mieux pourquoi on a du mal à venir à bout de la Covid-19. Il aurait été mieux qu’un seul ministre lise les précisions qu’il fallait donner pour une meilleure clarté des messages et des décisions. À chaque prestation des responsables sur un plateau de télévision, il y a toujours plus de questions que de réponses. Il a toujours fallu demander des explications supplémentaires pour en avoir le cœur net. C’est encore le cas après quatre mois de confinement. Il faut dire qu’il y a de quoi être abêti après plusieurs semaines balloté entre l’angoisse et les faux espoirs. Comme à l’impossible nul n’est tenu, on devra se contenter de la presse à la ligne avec ce que cela suppose de suppression d’emploi.
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