Lutte contre les délestages - Des réquisitions de carburant se déploient


La Coupe d’Afrique des Nations (CAN) suivie à la télévision ne doit pas être dérangée par les coupures de l’électricité. Les centrales doivent toutes tourner. La Jirama n’a pas d’autre choix. Le bras de fer entre l’État et les pétroliers ne date pas d’hier et impacte sur l’approvisionnement en électricité. La Jirama n’arrive pas toujours à payer ses fournisseurs en carburant et en énergie, à temps. « Près de 700 milliards d’ariary sont engagés annuellement en achat de carburant. Les recettes dépassent juste quelques milliards d’ariary de ce coût du carburant pour les centrales thermiques, soit aux alentours de 720 millions d’ariary. Les autres charges ne sont presque pas couvertes par ces recettes car le carburant absorbe toute la trésorerie. Les arriérés de la Jirama s’élèvent à plus de 1 400 milliards d’ariary, dus particulièrement aux ventes à perte, engagées depuis près de dix ans et aux factures de carburant non payées», indique une source auprès de la Jirama. Au début de l’année, pour des raisons d’étiage, le stock journalier de carburant de la Jirama a été encore augmenté. Le paiement des factures du carburant se fait au compte-gouttes. Les compagnies pétrolières, fournisseurs de la Jirama, avancent que la Jirama leur doit encore quelques 132 milliards d’ariary. Pour faire pression, celles-ci snobent la livraison de carburant dans diverses centrales thermiques. « Et la Jirama, faute de carburant doit procéder à des coupures volontaires de l’électricité ou délestage », ajoute la source. Prise de mesures Les livraisons se faisant ainsi intermittentes, notamment dans les régions, des mesures ont été prises. Le conseil de gouvernement du 28 juin a souligné « une communication verbale relative à l’achat d’urgence de fuel oil et de gasoil pour les groupes électrogènes de la Jirama ». Des réquisitions s’organisent ainsi un peu partout dans toute l’île. « Une lettre de réquisition de carburant dispatché en quota par centrale est envoyée à toutes les compagnies pétrolières et les transporteurs. Aussi, à chaque demande, le carburant doit-il être livré directement aux centrales thermiques », explique un directeur régional de l’Énergie, de l’eau et des hydrocarbures. Les directeurs régionaux sont les premiers responsables de l’opérationnalité des réquisitions. « Il y a des cas où il n’y a pas tout simplement de livraison de gasoil, alors que de l’essence est disponible. Des fois, ce sont les transporteurs qui refusent de décharger. Dans ces cas, le ministère de l’Énergie exerce d’autres formes de pression pour que le carburant soit livré », fait savoir la source. Les groupes électrogènes d’une soixantaine de centrales ont été remplacés par des neufs afin que la partie technique ne soit plus la raison des coupures d’électricité. En attendant que les renégociations des contrats des fournisseurs d’énergie aboutissent, et en attendant que l’équilibre opérationnel de la Jirama, prévu pour 2023 soit atteint, la guerre des nerfs avec les fournisseurs de carburant fera la pluie et le beau temps sur la disponibilité de l’énergie dans le pays.  
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