Un Anglais pour diriger la délégation malgache


Tandis que les différentes étapes des négociations pour mettre fin au premier conflit franco-merina (1883-1885) et la première médiation menée par Suberbie n’atteignent pas leur objectif, c’est au tour de Maigrot, ambassadeur d’Italie, de se proposer pour intercéder entre Madagascar et la France. Le 22 juin 1885, il rejoint pour la première fois Toamasina, avec une lettre de Rainilaiarivony, pour l’amiral Miot. Il fait cet aller et retour trois fois pour ouvrir la voie à la résolution du problème. Durant toutes ces tractations, la volonté de la France est de mettre la main sur Madagascar, sous forme de protectorat, et de l’empêcher d’entretenir des relations d’autres pays sans autorisation française. La médiation de Maigrot se termine en juillet 1885. Le 6 septembre, les troupes françaises tirent, d’un bâtiment naval, un coup de canon au-dessus de Manjankandria­nombana. Le 10 septembre, elles descendent à terre, affrontent l’armée malgache et elles dénombrent dans leurs rangs, 53 morts. Du côté malgache, les pertes sont moindres et il y a 11 blessés. Le général  Willoughby aide dans les négociations Rainandria­mampandry. Le même mois, la bataille est beaucoup plus dure à Jangoa (Anorotsangana). Le colonel Shervinton aide les Malgaches à chasser les ennemis. Pendant ce temps, les canons de navires français ne cessent de tirer au-dessus de la ville, mais les dégâts sont minimes. Tandis que les échanges de tir se font par moments, les échanges secrets de lettres se poursuivent entre le Premier ministre Rainilaiarivony et l’amiral Miot pour trouver une issue au conflit. Ce dernier discute aussi avec les autorités locales, notamment les 10 honneurs (hrs) Ramonta et Radaoro qui sont les messagers du Premier ministre. C’est de cette manière que l’amiral Miot informe le gouvernement de la reine que la seule issue à cette guerre est le protectorat. C’est de cette manière que l’amiral Miot informe le gouvernement de la reine que la seule issue à cette guerre est le protectorat. À la question des deux émissaires malgaches si ce protectorat durera cinq ou dix ans, Miot répond: « C’est insuffisant et il faudra jusqu’à 60 ans. Mais dans tous les cas, il est préférable de ne pas limiter, dans le temps, car tout dépend de la durée pour Madagascar d’atteindre la civilisation. À ce moment-là, l’ile pourra recouvrer son indépendance !» L’article 1 de la proposition de Miot parle de ce protectorat. L’article 2 confirme que Mada­gascar ne peut passer un accord avec un pays tiers sans l’accord de la France. En réponse Rainilai­arivony précise à l’article 1, « la France acceptant de ne pas occuper Madagascar et lui laissant son autonomie, le gouvernement de la reine accepte de ne pas contracter un trait qui lui accorde des avantages spéciaux». Le Premier ministre accompagne cette proposition du regret de son gouvernement que « le terme protectorat… a déjà empêché la signature des préliminaires du Fihavanana présentés par le gouvernement malgache.» C’est le 15 aout que  Rainilai­arivony « limite les pouvoirs de la reine » pour satisfaire l’article 2 de Miot. Ces échanges secrets de lettres entre le Premier ministre malgache et l’amiral Miot se poursuivent et le 31 octobre 1885, Rainilai­arivony annonce que Dighby Willoughby, son homme de confiance et celui de la reine, poursuivra les négociations. Ce n’est que le 4 décembre 1885 que Willoughby annonce aux Grands du royaume et aux officiers supérieurs qu’il va aller à Toamasina. Certains indiquent que l’envoi d’un émissaire anglais risque de ne pas plaire aux Français. Mais le Premier ministre rétorque que c’est une mission militaire et de plus, Rainilai­arivony prévient Miot avant d’y envoyer Willoughby. Les Français sont satisfaits de l’envoyé du gouvernement de la reine qu’ils qualifient d’être « comme il fait » et qui est accompagné pour l’occasion de Rainizanamanga et Ralaby qui ne peuvent pourtant accéder à la tente de réunion. L’accord signé s’est limité à préciser les droits accordés à Madagascar par la France ! Il comporte 19 articles que les Notes résument dans une prochaine édition. Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles
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