Kidnapping - Des enquêteurs condamnés pour corruption


Le juge du Pôle anti-corruption en a fait des exemples. Deux gendarmes et deux policiers ont écopé de deux ans d’emprisonnement ferme, lundi. Deux ans fermes. C’est la peine d’emprisonnement prononcée par le Pôle anti-corruption (PAC), contre deux gendarmes et deux policiers ayant fait partie des enquêteurs de la cellule mixte anti-kidnapping. Ils passeront donc, les deux prochaines années derrières les murs de la maison d’arrêt d’Antanimora. Le procès s’est déroulé au PAC d’Antananarivo, sis aux 67 ha, lundi. Il s’agit de l’issue d’une affaire de corruption qui remonte à octobre 2018. Les quatre membres des forces de défense et de sécurité (FDS), condamnés, lundi, ont été accusés d’avoir accepté de l’argent en échange de la libération d’un présumé kidnappeur. Ils auraient alors, reçu la somme de 6 millions d’ariary dont, 4 millions d’ariary en espèce et les deux millions d’ariary restant, transférés par « mobile banking ». Le jour de la transaction, les faits auraient, toutefois, fait l’objet d’une dénonciation auprès d’un haut responsable auprès de la gendar­merie nationale. Le camp Ratsiman­drava, où se trouvait le bureau de la cellule mixte anti-kidnapping, a alors, été fermé pour procéder à la vérification de l’information. Une fouille au corps des éléments des forces de l’ordre indiqués dans la dénonciation a permis de constater qu’ils étaient en possession d’une somme d’un total de 4 millions d’ariary. Dégradés La vérification des téléphones des gendarmes et policiers concernés a également confirmé le transfert de deux millions d’ariary, par « mobile banking ». Une enquête avait, immédiatement, été démarrée et l’affaire a, ensuite, été remise au Pôle anti-corruption d’Antananarivo. En tout, neuf membres de la cellule mixte anti-kidnapping ont été happés dans cette accusation de corruption. Quatre d’entre eux ont été placés en détention préventive, en mi-octobre 2018, trois autres ont été placés sous contrôle judiciaire et deux autres remis en liberté provisoire. Suite à une opposition faite par le parquet du PAC, toutefois, les trois enquêteurs placés sous contrôle judiciaire ont été placés en détention préventive, en mi-novembre 2018. Introuvables, des mandats d’arrêt ont été lancés contre les deux au­tres, à l’époque. Un officier des bérets noirs fait partie des quatre personnes condamnées à deux ans d’emprisonnement ferme, lundi. Le jugement prononcé par le PAC d’Anta­nanarivo ordonne, également, que cet officier soit dégradé. Une sanction assortie d’une interdiction d’exercer au sein de la fonction publique durant une période relativement longue. La genèse de cette affaire de corruption est une opération de démantèlement d’un présumé réseau de ravisseurs, à Anosivavaka Ambo­hi­manarina, le 16 août 2018. L’opération menée sous la houlette de la cellule mixte anti-kidnapping a défrayé les chroniques car, elle a donné lieu à un affrontement musclé entre les éléments des FDS et les membres présumés du réseau. Une partie de la scène s’est jouée en pleine rue et a été largement partagée sur les réseaux sociaux. Deux des supposés ravisseurs sont tombés sous les feux des forces de l’ordre, tandis que l’un d’entre eux a été appréhendé. Les limiers de la cellule mixte ont, ensuite, mis la main sur deux Kalachnikovs et une arme automatique Makarov, ainsi qu’une semi-automatique Tokarev TT33. Plusieurs munitions ont, également, été saisis dans le repère désigné du présumé réseau de ravisseurs, en cette date du 16 août 2018. Un véhicule tout terrain dont les signalements correspondaient avec celui utilisé par un gang armé qui ont opéré le rapt de l’épouse du propriétaire du concessionnaire automobile Sodiama a, également, été saisi. Il s’agit d’un enlèvement qui s’est déroulé, en milieu de journée, sur le parking de l’immeuble Assist, Ivandry, en juillet 2018. Cette opération effectuée le 17 août 2018, devait être le premier grand fait d’arme des membres de la cellule mixte anti-kidnapping dont la vocation est, justement, de démanteler les réseaux de ravisseurs afin d’annihiler le fléau. Un acte de corruption leur ont, toutefois, coupé les ailes. Dissoute à la suite de ce scandale, la reconstitution de la cellule mixte a été annoncée, en décembre 2018, par la ministre de la Justice de l’époque. Depuis, l’entité semble jouer la discrétion.
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