30 hectares de cannabis : en voilà une bonne nouvelle !


En 2012, un groupe Kana sort la chanson « Plantation » qui rencontre un très grand succès. Des paroles assez simples qui relatent les difficultés du chanteur à faire pousser ceci et cela dans son jardin. Sur un rythme reggae, il nous a tellement fait rire : « J'ai tout petit problème dans ma plantation, pourquoi ça pousse pas ? Moi, j'ai planté coco, coco ça pousse pas ! Moi, j'ai planté bananes, bananes ça poussent pas ! ». Et il fait le tour de toutes les fruits et légumes jusqu’au jour où : « Moi, j'ai planté Kana, Kana ça pousse comme ça ». Pour ceux qui n’étaient déjà plus jeune à cette époque-là, Kana est l’argot pour dire cannabis. On pourrait exactement faire un remix de la chanson pour faire une version 2019. Au lieu de jardin, on pourrait mettre Ampanihy. Un coin où il est généralement assez difficile de planter quelque chose sans grandes difficultés. Sous la colonisation, notons quand même que cette zone aride de Madagascar a vu de belles plantations de sisal, de coton (on parle bien de la fibre végétale et non du coton de Tuléar qui en passant est une race canine et non une plante). Alors, pour une fois qu’on découvre une plantation bien en portante de trente hectares, on est content. Que ce soit du kana, des courges, des noix ou autres, on prouve qu’effectivement avec de la volonté et de l’intéressement Ampanihy et toute cette zone peut produire quelque chose et en quantité. Revenons sur les faits. Le 25 mai dernier, les éléments de la gendarmerie nationale auraient découvert une plantation de cannabis sur plus de trente hectares dans le district d’Ampanihy Ouest dans la zone Sud de Madagascar. Dans le lot, vingt sacs en plus et quelques cinquante kilos de graines. Un blogueur a fait un calcul assez simple mais très intéressant. Avec un rendement minimal de 750 kilos à l’hectare, cette portion ne donnera pas moins de 22 500 kilos. Il rapporte aussi que le gramme se vend actuellement environ 7 euros. Aussi, cela fera tout bonnement près de 157 millions d’euros par récolte. Comme Madagascar est assez vaste, avec de telles récoltes un peu partout dans l’île, on pourrait financer pas mal de choses avec. Trèves de plaisanteries ! Revenons à un sujet très sérieux : comment la gendarmerie fera pour détruire ces 30 hectares ? Car si on se tient à la manière accoutumée, presque tous les produits saisis par la gendarmerie, notamment le toaka gasy, sont brulés. Donc, si comme à l’accoutumée, ils procèdent à la même procédure nous imaginons bien que même les zébus, les tortues, les fameuses chèvres d’Ampanihy à des kilomètres aux environs verront le septième ciel. Il en sera autant pour les gendarmes qui feront le travail. Sauf si l’administration les oblige à porter des masques. Si jamais la gendarmerie communique sur la ou les dates durant lesquelles elle va procéder à la destruction des trente hectares, il serait intéressant de voir la migration humaine vers Ampanihy pour avoir des inhalations gratuites. Plus sérieusement, dans beaucoup de pays du monde et en Afrique, notamment en Afrique du Sud et au Zambie, de nombreux produits à base de cannabis sont en vente libre. Car il faut le dire haut et fort, les vertus de cette plante sont extrêmement nombreuses. Sans rire, il faudrait que nous dépassions ce cap de vouloir tout détruire et de voir plutôt en le cannabis, le toaka gasy et autres produits locaux des potentialités. Ailleurs, comme toute plante, sa production et son traitement peuvent être bien cadrés pour qu’ils deviennent des atouts. En effet, quand une filière est bien cernée, elle ne laisse moins de place à la tricherie et aux déboires. L’exemple du bois de rose en est une autre preuve. Dans de multiples pays, le bois de rose se cultive tout autant que le cannabis.
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