Avec le sourire aux lèvres


Il était quand même bien souriant pour un démissionnaire, ce Premier ministre. Un sourire fort bien choquant car, même dans des situations plus joyeuses, on ne l’avait pas vu aussi radieux. Une relative « bonne humeur » qui fait tilt et présage qu’en fin du film il y aurait une mention « à suivre ». Il n’y avait pas à attendre trop longtemps pour connaître les dessous des cartes : « ce n’est qu’un au revoir » annonçait-il déjà dans ses propos au moment de dire « adieu ». Quand on y pense bien, à sa place, qui n’aurait pas été content de sortir par la « grande porte » au moment où même passer par les trous de souris devenait de plus en plus impossible. Hier matin, comme pour enfoncer le clou, on pouvait lire à la Une de certains quotidiens qu’il est fort probable que l’ancien Premier ministre rêve de devenir calife à la place du calife. Du déjà vu, un ministre qui, par défaut, devient président et snobe son ancien boss. Ce dernier, après plusieurs années de copinage, devient son pire ennemi. Un mariage d’amour ou d’intérêt qui tourne mal et qui finit en divorce mal vécu. Mais à Madagascar, ce ne sont pas les unions politiques impossibles et inimaginables qui manquent. Les amis d’aujourd’hui peuvent devenir les pires ennemis, demain. Les adversaires à mort peuvent, d’un coup, filer le parfait amour jusqu’à ce que le prochain « bon coup » passe. Il prend donc la grande porte tout sourire après avoir refilé la patate chaude à l’autre. L’autre qui semblerait être le patron idéal dans le scénario du possible chaos qui prévaut. C’est peu de dire que la patate est chaude, car à vrai dire, elle est brûlante et quasiment cramée. Des grèves ici et là. Le nouveau premier ministre devra être en charge de les régler et de trouver des solutions à des problèmes qui durent depuis des vingtaines d’années. Pauvre Ntsay qui, à coup sûr, devra faire des coups de maître pour sortir vivant et indemne de ce trou à rats. Saluons le courage du bonhomme qui est, quand même un peu suicidaire mais loin d’être sans étiquette comme on veut le faire entendre. Les éloges sur le grand homme qui, en comparaison au curriculum vitae de son (ses) prédécesseur(s), a un bagage professionnel et personnel très riche. Mais il faut aussi aller plus loin que les étiquettes des partis politiques. L’homme a été choisi ou plutôt imposé comme par le Saint Esprit mais pour défendre des intérêts qui dépassent de loin ceux que monsieur et madame tout le monde connaissent. Trêves de plaisanteries et de messages subliminales, le nouveau premier ministre a le droit de faire ses preuves. Espérons juste que le venin de l’ego, celui d’un système pourri par la corruption et le clientélisme ne puisse l’atteindre. Prions Dieu pour qu’il soit clairvoyant face à la réalité du pays et l’espoir d’un futur (proche) meilleur. Il suscite un vent d’espoir et d’apaisement fort nécessaire pour tenir encore un moment. La nomination des futurs ministres sera le premier examen à ne pas rater pour le nouvel homme fort de Mahazoarivo. par Mbolatiana Raveloarimisa
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