«Atody miady amam-bato »! Quand l'œuf combat la pierre c'est le sentiment ressenti par le résident général de France à Madagascar, Hippolyte Laroche. Dans son deuxième rapport au ministre de la Guerre, il parle en 1896 des « assassinats perpétrés par les Fahavalo », c'est-à-dire les actes insurrectionnels des partisans Menalamba (lamba rouge). Après avoir rappelé que le père Berthieu a été tué le 7 juin à Ambohibemasoandro, Hippolyte Laroche cite « plusieurs évènements fâcheux » dans le Vonizongo. Ainsi le 10 juin, devant Ambohipihaonana, chef-lieu du Vonizongo à 75 km d'Antananarivo sur la RN4, et plus connu par son nom actuel, Ankazobe, 100 Fahavalo (ennemis, terme utilisé pour désigner les insurgés) se présentent. La garnison de la ville assez nombreuse et armée de carabines, abandonne la défense pour se joindre à eux. Le gouverneur du Vonizongo, Rakotovoalavo est pris, entrainé hors de la ville et tué « à coups de fusils et de sagaies » avec cinq de ses officiers. Leurs femmes et leurs enfants assistent à l'exécution et, retenus et maltraités par la bande, sont menacés de subir le même sort « mais réussissent à s'échapper pendant la nuit après soixante six heures de captivité ». Trois Européens enfermés dans une maison le même jour, « sont assiégés pendant vingt huit heures ». Dans la nuit du 10 au 11 juin, une grande quantité de paille est apportée par les « ennemis » et amoncelée contre les murailles. Ils y mettent le feu qui se communique à la toiture et au reste de la maison. Les assiégés doivent sortir et succombent aussitôt au nombre de leurs adversaires. Deux jours plus tard, 80 tirailleurs partis d'Ambohidratrimo viennent occuper Ambohipihaonana. Les bandes errantes dans la région n'essaient pas de s'y opposer et depuis lors, « la direction du Nord-ouest est rentré dans le calme, l'insurrection y est éteinte ». Cependant, c'est à l'Est de la capitale, à 23-30 km que se produisent « les évènements les plus fâcheux ». Ainsi dans la zone d'Isoavina et Ankeramadinika, se meuvent des bandes qui ont révélé leur présence, notamment par le meurtre des entrepreneurs et surveillants français Savonyan, Emery, Collin, Rigal, surpris isolément les 7, 8 et 9 juin. Hippolyte Laroche mentionne qu'il a attiré l'attention du général Voyron sur la menace qui pèse sur la portion de route entre les deux villages. Mais le général lui assure « d'une manière absolue » la sécurité de la route. « Je crois cependant que ses dispositions pour protéger la route ont été bien insuffisantes. » Et d'expliquer son assertion: « Il y a depuis longtemps 40 tirailleurs sénégalais à Ankeramadinika. Après avoir, au début du mois, replacé sur ma demande une compagnie à Isoavina, le général n'a pas cru nécessaire de faire davantage, d’avoir par exemple des postes intermédiaires entre les deux villages. La distance entre eux est de 26 km en terrain accidenté. Les bandes rebelles se trouvant immédiatement au bord du chemin, il était à prévoir qu'elles viendraient l'inquiéter et même le franchir, si ce long ruban n'était gardé qu'à ses deux extrémités. » Le fait ne manque pas de se produire. Du 17 au 24 juin, les bandes assaillent quotidiennement les convois, dispersant les porteurs, éventrant les bagages, tiraillant avec les escortes armées lorsqu'il y en a. Le capitaine Delacroix du service géographique, rejoignant la capitale le 22 juin, rencontre les mêmes bandes aux mêmes endroits et « tiraille » plusieurs heures avec elles. De jeunes officiers arrivant de France, ne se plaignent pas de cette fusillade et « se lancent avec entrain à la poursuite de lambas blancs », tenue des combattants Menalamba. La présence de ces derniers est surtout gênante pour le commerce, pour les voyageurs isolés sans cesse exposés à une attaque, et le mécontentement éclate dans la population tananarivienne. Quelques Fahavalo, franchissant le chemin pendant la nuit, « viennent, de plus, inquiéter la région jusqu'à présent tranquille qui le borde au sud, mettre le feu à plusieurs temples et écoles et répandre l'émotion jusqu'aux abords d'Ambatomanga et d'Ambatomalaza ». Ces « piqûres de guêpe » s'accompagnent aussi de la destruction de la ligne télégraphique qui court le long du chemin. « Tananarive est sans communication depuis le 22 juin ». Le 26 juin, un sergent du génie y est envoyé avec du matériel pour la rétablir. L'escorte de tirailleurs qui l'accompagne, donne la chasse « à un parti de rebelles, d'autres en profitent pour faire main basse sur le matériel ». Pela Ravalitera
«Atody miady amam-bato »! Quand l'œuf combat la pierre c'est le sentiment ressenti par le résident général de France à Madagascar, Hippolyte Laroche. Dans son deuxième rapport au ministre de la Guerre, il parle en 1896 des « assassinats perpétrés par les Fahavalo », c'est-à-dire les actes insurrectionnels des partisans Menalamba (lamba rouge). Après avoir rappelé que le père Berthieu a été tué le 7 juin à Ambohibemasoandro, Hippolyte Laroche cite « plusieurs évènements fâcheux » dans le Vonizongo. Ainsi le 10 juin, devant Ambohipihaonana, chef-lieu du Vonizongo à 75 km d'Antananarivo sur la RN4, et plus connu par son nom actuel, Ankazobe, 100 Fahavalo (ennemis, terme utilisé pour désigner les insurgés) se présentent. La garnison de la ville assez nombreuse et armée de carabines, abandonne la défense pour se joindre à eux. Le gouverneur du Vonizongo, Rakotovoalavo est pris, entrainé hors de la ville et tué « à coups de fusils et de sagaies » avec cinq de ses officiers. Leurs femmes et leurs enfants assistent à l'exécution et, retenus et maltraités par la bande, sont menacés de subir le même sort « mais réussissent à s'échapper pendant la nuit après soixante six heures de captivité ». Trois Européens enfermés dans une maison le même jour, « sont assiégés pendant vingt huit heures ». Dans la nuit du 10 au 11 juin, une grande quantité de paille est apportée par les « ennemis » et amoncelée contre les murailles. Ils y mettent le feu qui se communique à la toiture et au reste de la maison. Les assiégés doivent sortir et succombent aussitôt au nombre de leurs adversaires. Deux jours plus tard, 80 tirailleurs partis d'Ambohidratrimo viennent occuper Ambohipihaonana. Les bandes errantes dans la région n'essaient pas de s'y opposer et depuis lors, « la direction du Nord-ouest est rentré dans le calme, l'insurrection y est éteinte ». Cependant, c'est à l'Est de la capitale, à 23-30 km que se produisent « les évènements les plus fâcheux ». Ainsi dans la zone d'Isoavina et Ankeramadinika, se meuvent des bandes qui ont révélé leur présence, notamment par le meurtre des entrepreneurs et surveillants français Savonyan, Emery, Collin, Rigal, surpris isolément les 7, 8 et 9 juin. Hippolyte Laroche mentionne qu'il a attiré l'attention du général Voyron sur la menace qui pèse sur la portion de route entre les deux villages. Mais le général lui assure « d'une manière absolue » la sécurité de la route. « Je crois cependant que ses dispositions pour protéger la route ont été bien insuffisantes. » Et d'expliquer son assertion: « Il y a depuis longtemps 40 tirailleurs sénégalais à Ankeramadinika. Après avoir, au début du mois, replacé sur ma demande une compagnie à Isoavina, le général n'a pas cru nécessaire de faire davantage, d’avoir par exemple des postes intermédiaires entre les deux villages. La distance entre eux est de 26 km en terrain accidenté. Les bandes rebelles se trouvant immédiatement au bord du chemin, il était à prévoir qu'elles viendraient l'inquiéter et même le franchir, si ce long ruban n'était gardé qu'à ses deux extrémités. » Le fait ne manque pas de se produire. Du 17 au 24 juin, les bandes assaillent quotidiennement les convois, dispersant les porteurs, éventrant les bagages, tiraillant avec les escortes armées lorsqu'il y en a. Le capitaine Delacroix du service géographique, rejoignant la capitale le 22 juin, rencontre les mêmes bandes aux mêmes endroits et « tiraille » plusieurs heures avec elles. De jeunes officiers arrivant de France, ne se plaignent pas de cette fusillade et « se lancent avec entrain à la poursuite de lambas blancs », tenue des combattants Menalamba. La présence de ces derniers est surtout gênante pour le commerce, pour les voyageurs isolés sans cesse exposés à une attaque, et le mécontentement éclate dans la population tananarivienne. Quelques Fahavalo, franchissant le chemin pendant la nuit, « viennent, de plus, inquiéter la région jusqu'à présent tranquille qui le borde au sud, mettre le feu à plusieurs temples et écoles et répandre l'émotion jusqu'aux abords d'Ambatomanga et d'Ambatomalaza ». Ces « piqûres de guêpe » s'accompagnent aussi de la destruction de la ligne télégraphique qui court le long du chemin. « Tananarive est sans communication depuis le 22 juin ». Le 26 juin, un sergent du génie y est envoyé avec du matériel pour la rétablir. L'escorte de tirailleurs qui l'accompagne, donne la chasse « à un parti de rebelles, d'autres en profitent pour faire main basse sur le matériel ». Pela Ravalitera