Affaire bois de rose à Singapour - Madagascar refuse de s’impliquer


Les autorités de la Grande île n’ont plus l’intention de confirmer l’authenticité ou non des documents ayant permis l’exportation des 30 000 rondins de bois de rose saisis à Singapour en 2014. Refus de collaboration. Les autorités de la Grande île ne témoigneront pas dans le procès relatif à l’importation par une société de droit singapourien de 30 000 rondins de bois de rose malgaches. La secrétaire générale du ministère de l’Environ­nement, de l’écologie et des forêts, Hanta Rabetaliana l’a encore confirmé, samedi, en marge de la célébration de la Journée mondiale de l’environnement. « Nous laissons cette affaire entre les mains de la justice singapourienne. Nous accepterons le verdict qui sera prononcé », a-t-elle, notamment, déclaré. La secrétaire générale du ministère annonce certes la possibilité d’une collaboration entre les deux États, mais cette collaboration, a-t-elle indiqué « dépendra du verdict de la justice singapourienne ». Pour ce qui est du procès, les autorités malgaches semblent vouloir laisser le Parquet singapourien se débrouiller tout seul, et trouver par ses propres moyens si les documents ayant permis la sortie de ces 30 000 rondins de bois de rose du port de Toamasina, sont authentiques et valides. « Luttons contre le commerce illégal de nos espèces sauvages » a été le thème de la Journée mondiale de l’Environnement célébrée hier, et commémorée samedi à Madagascar, mais les autorités de la Grande île ne semblent pas engagées à 100%, se limitant aux discours, et minimisant les actions. Malgré l’adoption d’une loi sur la mise en place d’une chaîne spéciale de lutte contre le trafic des ressources naturelles, ainsi que l’a rappelé le ministre de la Justice, Charles Andriamiseza, samedi, aucune action concrète n’a été jusqu’ici, mise en œuvre dans ce sens. Aucune cour ni juridiction n’est encore mise en place, tandis que les affaires portées en justice aboutissent rarement. En refusant de témoigner dans le procès qui se tiendra prochainement à Singapour, les autorités confirment leur manque de volonté. Le témoignage malgache est pourtant crucial dans le procès qui devrait s’ouvrir dans les prochaines semaines. Dans leur défense, les accusés ne manqueront pas de mettre en avant que du 14 au 25 février, période pendant laquelle la cargaison a quitté la Grande île, Madagascar avait le droit d’exporter du bois de rose parce que l’embargo de la Convention internationale des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction (CITES), avait expiré le 13 février, et n’a été renouvelé que le 26 février. Authentification La justice singapourienne aura besoin de la version des autorités malgaches, comme ce fut le cas lors du premier procès qui avait acquitté la société Kong Hoo et son directeur général Wong Wee Keong, pour trancher. Depuis le premier procès et pendant le procès en appel, celles-ci avaient déjà témoigné, mais leurs versions étaient contradictoires. Lors du premier procès, après plusieurs versions contradictoires des agents du ministère de l’Environ­nement, le ministre chargé de l’Environnement de l’époque, Anthelme Rampa­rany, avait attesté de l’authenticité et de la validité des documents. Cette position a ensuite été rejetée par l’ancien Premier ministre, Jean Ravelonarivo, durant le procès en appel. Pour le futur procès, il est attendu des Malgaches, l’authentification de la lettre envoyée par l’ancien Premier ministre en janvier 2016. La question est également de savoir si le gouvernement malgache confirmera la position de Jean Ravelonarivo qui avait martelé que toute exportation de bois de rose est illégale, et que tout document autorisant l’exportation de bois de rose émanant des autorités malgaches n’est, en conséquence, pas valide. Une prise de position que Hery Rajaonarimampianina et sa nouvelle équipe en charge de l’environnement ne veulent donc pas adopter. Lors de son voyage à Singapour, le président de la République a déjà annoncé son intention de ne pas évoquer l’affaire avec les autorités de la Ville-État. La ministre de l’Environnement, Johanita Ndahimananjara, elle, a argué de l’indépendance de la justice singapourienne pour écarter toute intervention. La secrétaire générale du ministère de l’Environnement a donc confirmé qu’avant ou pendant le procès, la partie malgache ne bougera pas le petit doigt dans cette affaire où les ressources naturelles de Madagascar d’une valeur de 50 millions de dollars sont en jeu. Helifetra Randriamino et Lova Rabary-Rakotondravony
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