Oui mai


Le salaire minimum à 200 000 ariary pour 176 heures de travail par mois. C’est le consensus trouvé entre le patronat et les syndicats des travailleurs pour que la promesse du président de la République soit exaucée. C’est peut-être un chiffre honnête humainement mais il est loin des réalités du coût de la vie. Ce chiffre aurait été adapté aux situations des ménages il y a vingt-cinq ans mais aujourd’hui il ne répond plus aux charges d’un foyer de taille moyenne. On se demande d’ailleurs comment font les ménages pour résister au poids de l’inflation galopante. La corruption à petite ou grande échelle fait le reste. À en juger l’essor de certains secteurs, on peut mettre affirmer que la corruption fait tourner l’économie. Quand on voit les constructions un peu partout, la santé du marché automobile dont l’État est un des acteurs les plus actifs, on réalise l’insignifiance de ce salaire minimum. Il illustre parfaitement l’inégalité sociale et le partage inégal des richesses dans un pays où les pauvres pour les riches pour s’appauvrir davantage. Si les dépenses dilapidées par les principaux candidats dans l’élection présidentielle ont été investies pour améliorer les conditions de vie de la population, on aurait peut-être le triple ou le quadruple de ce salaire sans devoir supprimer le Sénat. Il est clair que quelle que soit la hausse de salaire, l’inflation aura toujours plusieurs longueurs d’avance. On ne parle que du prix du carburant et de l’électricité alors que celui des médicaments, de la communication, des denrées alimentaires de base comme le riz, l’huile, le sucre, la viande monte sans crier gare et hors de tout contrôle. Ce salaire minimum n’est pas seulement celui des plus démunis comme on le pense. Faute de mieux beaucoup de diplômés d’université touchent à peine plus. Les entreprises sont prises à la gorge et doivent limiter leurs charges. Le sous emploi et bien évidemment un salaire qui ne correspond pas au cursus de l’employé font partie du paysage socio-économique du pays. Une hausse de salaire sans une hausse de la production est juste illusoire. Elle sera vite engloutie par l’inflation déjà boostée par cette annonce. Tous les efforts doivent être concentrés dans la production et l’industrialisation pour permettre au secteur privé de créer des centaines de milliers d’emploi par an. C’est la seule façon d’anéantir la pauvreté. La charité et l’assistanat constituent juste des moyens pour pérenniser la pauvreté et pour consolider la dépendance des démunis à un pouvoir providentiel, surtout pendant la période électorale. Le salaire minimum doit être une grandeur directement proportionnelle à la croissance de l’économie et non pas une mesure que le président de la République décrète pour soigner son image. Le fait qu’on annonce une croissance de 6% cette année alors que cela n’a absolument aucun impact direct signifie que tout reste illusoire. La croissance se reflète seulement dans les signes extérieurs de richesse de la classe aisée. On se demande d’ailleurs d’où vient cette croissance alors que tous les voyants sont au rouge. Même la croissance du nombre d’électeurs reste douteuse.
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