À l’image de l’Inde


Dessine-moi l’inde. Mais, quelle inde : les paysages vieillis du biopic-fleuve «Gandhi» (3 h et 11 minutes, mais huit récompenses aux oscar, dont oscar du meilleur film, oscar du meilleur acteur, oscar du meilleur réalisateur), ou l’arrière plan bidonville de l’autre film multi-oscarisé «Slumdog Millionaire» (oscar du meilleur film, oscar du meilleur réalisateur), sinon la promiscuité démentielle du chaos organisé à l’heure de pointe à Chhatrapati shivaji Terminus, gare de Mumbai ? le premier cas indien de Covid-19 était détecté le 30 janvier 2020, et un confinement général de 21 jours décidé dans la journée du 24 mars 2020 pour être immédiatement appliquable à minuit. en cette période de coronavirus, les scènes indiennes ressemblent étrangement à la réalité malgache. Des gens accroupis, respectant plus ou moins la distanciation sociale, en attendant la distribution de vivres : le secteur informel emploie 80 à 90% de la population active et un plan social de 20 milliards d’euros est mis en place pour les plus pauvres. Des populations entières, baluchons sur la tête et sandales aux pieds, sur les routes de l’exode urbain fuyant Dehli, bangalore, Mumbai vers le bihar ou l’Uttar Pradesh : employés de maison, ouvriers sur les chantiers du bâtiment, livreurs de lunch-box dabbawala, qui ont quitté les villes pour revenir dans leurs villages d’origine. Comme des milliers de migrants ruraux, régionaux ou provinciaux, avaient quitté Antananarivo par la RN2 pour marcher vers le vakiniadiana ou plus loin encore l’Alaotra-Mangoro, par la Nationale 7 pour rallier à pieds Ambatofotsy, Ambohimandroso voire Antsirabe. Où est partie la population de livreurs des milliers de lunch-boxes de Mumbai ? le train étant tellement bondé, il est impossible de voyager avec un panier. Une chaîne ingénieuse s’est mise en place qui récupère le repas du midi à chaque domicile, le transporte par bicyclette, et le livre infailliblement à son destinataire parmi la centaine d’autres milliers de «dabbawala». Jusqu’au nom de la boîte du lunch-box, «dabba» qui rappelle notre «daba», mesure standardisée bien connu. Certaines autres réalités ne sont pas moins semblables. l’impossible confinement pour les 121 millions de travailleurs journaliers. l’impossible distanciation sociale dans l’extrême promiscuité des bidonvilles où s’entasse pour la nuit 29,4% de la population urbaine. l’impossible geste-barrière d’un lavage fréquent des mains là où l’accès à l’eau et aux points d’eau reste aléatoire. L’inde, c’est le deuxième pays le plus peuplé au monde avec 1,34 milliard d’habitants (derrière la Chine et son 1,39). 455 habitants au kilomètre carré, contre 148 hab/km2 en Chine, largement au dessus de la moyenne mondiale de 60 hab/km2 . Toutes proportions gardées, indiens et Malgaches se posent les mêmes questions, une conséquence logique d’inquiétudes semblables. Comment mener une campagne de dépistage, systématique, massif et gratuit, comme avait réalisé la Corée du sud : 357.986 tests entre le 21 février et le 25 mars 2020 ? Combien de lits pour 1000 habitants ? l’inde, avec 710.000 lits dans les hôpitaux publics, ne compterait qu’un demi-lit pour mille... Combien de médecins pour 1000 habitants ? Moins d’un médecin pour mille... Quelle capacité de tests ? 70.000 par semaine répond-on en inde : pour avoir un ordre d’idée, l’ancienne puissance coloniale britannique estime pouvoir procéder à 25.000 tests par jour...là-bas, comme ici, la faiblesse ridicule, aujourd’hui criminelle, des investissements publics dans le secteur de la santé.
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