Chaos fatal ?


On baigne dans un océan déchainé, aux tempêtes tumultueuses qui ne cessent de nous emporter loin du long fleuve tranquille et de ses rives calmes sur lesquelles on veut débarquer, une destination qui est le but ultime de toute vie. Nos journées ne sont toujours que des rounds supplémentaires d’un incessant combat pour la survie, on les traverse en essayant d’esquiver la noyade fatale qui nous menace tous et de surmonter la terreur que nous inspirent les redoutables flots des heures de l’angoisse perpétuelle provoquée par l’interminable intempérie et ses frappes impitoyables qui nous forcent à subir un chaos aux terribles allures de la permanence. Ainsi, essayons-nous tant bien que mal de continuer à nager dans cette mer agitée dont le désordre prend le visage de l’indiscipline et la figure de l’insécurité. Et alors qu’on recourt à différentes thérapies pour soigner le mal qui nous ronge, on n’a fait que métamorphoser l’océan implacable en une sinistre jungle anarchique qui nous impose sa loi. Et on vit au sein d’une humanité qui semble avoir réalisé le passé imaginé par Thomas Hobbes, celui de l’état de nature, cette époque hypothétique durant laquelle les règles du jeu qui doivent régir les relations ont été tout simplement encore à inventer. C’était alors un âge assombri par la non-existence des lois à l’exception de celle du plus fort : personne n’était protégé par la justice et le plus fort écrasait le plus faible. La célèbre citation du poète latin Plaute, reprise par Hobbes dans un emblématique passage du Léviathan (1651), nous parle encore plus: «l’homme est un loup pour l’homme». Et si on remonte encore loin, dans les temps légendaires ou mythiques, le chaos original de la mythologie grecque, et qu’on connait surtout grâce aux écrits d’Hésiode, serait semblable à ce que reflète le miroir de notre société actuelle. Le chaos et le désordre qui ont précédé l’ordre et le cosmos que Zeus a instauré après avoir mené à terme des guerres contre les forces chaotiques comme les Titans, les géants ou Typhon, ... qui ont été comme les virus qui pouvaient rendre malade le mécanisme harmonieux du cosmos en essayant d’y injecter les poisons du désordre et du chaos. Et chez nous, le chaos a triomphé et s’est immiscé dans nos veines dont le sang est maintenant corrompu par le désordre et l’anarchie, lui faisant alors perdre de sa valeur qu’on croyait inestimable. Un avilissement qui lui a fait perdre son bouclier humaniste, rendant le crime plus courant et plus ordinaire. Et maintenant, ce règne du désordre réclame l’intervention du héros qui pourra y mettre un terme. Mais un simple mortel, à l’instar de Zeus (le roi des dieux selon les Grecs de l’Antiquité), saura-t-il venir à bout d’une grande puissance du chaos des temps modernes : cette mentalité qui met l’indiscipline, le laxisme, la corruption, et beaucoup d’autres maux, sur un piédestal ?
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