Toliara - Les tireurs de cyclo-pousses se rebiffent


Les conducteurs de cyclo-pousse se sont manifesté violemment samedi à Toliara, pour dénoncer un projet de taxe de la commune de Toliara à leur endroit. Ville morte, rues et périphérique bloqués, des groupes d'hommes armés de bâtons et de galets de pierre terrorisent et attaquent ceux qui travaillent et qui ne rejoignent pas leur mouvement. Des lampadaires qui illuminent les avenues de la ville sont vandalisés … Le mouvement des conducteurs de cyclo-pousse contre une décision de la commune de Toliara a pris des allures de batailles rangées toute la journée du samedi dans la ville de Toliara. C'est une foule impressionnante de « tireurs » de cyclo-pousse à majorité issus du foko Antandroy qui a pris d'assaut, très tôt, les grandes artères de la ville de la cité de soleil. Ce, pour suivre un mouvement de contestation contre une décision communale stipulant que chaque tireur sera taxé de 500 ariary par jour en plus de l'uniforme qui leur sera aussi imposé. Un uniforme qui va leur coûter 35.000 ariary. Vers sept heures, des sifflets et des tintamarres se faisaient entendre de partout, pour rassembler tous les conducteurs de cyclo-pousses, afin que tout le monde cesse ses activités ce jour, pour pouvoir effectuer une journée de grève. « C’était une décision prise la veille à l’unanimité des membres de notre association lors d’une assemblée générale afin de pouvoir démontrer notre mécontentement », a déclaré Kolozoky, vice-président de cette association. Mais contrairement à ce qui a été prévu, une partie des tireurs de cyclo-pousses continuait à travailler à travers la ville en emmenant ses clients et ses marchandises. Contrat juteux Ainsi, malgré les menaces verbales des grévistes à leurs endroits, depuis quelques heures, des centaines de cyclo-pousses sillonnèrent encore dans la ville. Ce qui a provoqué des violences à l’endroit des récalcitrants. De ce fait, une vingtaine d’entre ces derniers ont été blessés à coups de bâton et de gourdin et ont immédiatement été évacués vers le CHU de Toliara, à Tanambao. Non satisfaits de leurs agissements, les manifestants se sont acharnés ensuite vers les infrastructures nouvellement installées par la Commune. Ainsi, une bonne partie des lanternes publiques ont été saccagées et vandalisées par ces hommes en furie. Pire encore, même les installations qui longent et qui se situent près de la brigade de recherche de la gendarmerie à Sanfily ont été déracinées sous les yeux médusés des gendarmes en uniforme. Vers midi, les policiers ont arrêté un manifestant. Ce qui a rendu les manifestants encore plus furieux. Mais suite à des tractations et négociations avec le chef de Région, Jules Rabe, le frondeur a été relâché après quelques heures. Tout s’est terminé vers 18 heures, quand le président du foko Antandroy, Bonaventure, dit Bôna, est descendu sur terrain pour calmer les ardeurs des contestataires. « Il y a des gens qui sont en train de se sucrer à travers notre sueur, avec la complicité du maire de la ville. La manifestation sera encore plus violente si la Commune refuse de nous écouter », a averti d’un ton ferme le représentant des frondeurs. En effet, d’après leurs dires, il y a quel­ques jours, la commune de Toliara a passé un contrat avec une ONG dénommée AMETIS. Il a été convenu que les vignettes annuelles seront supprimées et cette association offrira gratuitement aux conducteurs de cyclo-pousses, un permis biométrique et un uniforme. Mais en contrepartie, les tireurs doivent s’acquitter d’une nouvelle taxe qui sera distribuée entre la mairie et l’ONG. « Ce contrat juteux nous irrite car non seulement il manque de transparence mais l’objectif est trop manifeste », a conclu le représentant des grévistes. Durant toute la journée, le maire de Toliara, Jean Rabehaja n’a pu être joint au téléphone pour s’expliquer sur les manifestations des tireurs de cyclo-pousses, mais surtout sur cette affaire de suspicion de corruption. Une réunion dirigée par le chef de région et toutes les entités concernées par cette grève aura lieu ce lundi pour dénouer cette crise. Francis Ramanantsoa
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