Or sujet


Quoique le directeur de cabinet du ministère des Mines dise, la cession des blocs miniers aux étrangers un peu partout dans le pays est ni plus ni moins qu'une braderie de «la terre des ancêtres». Il faut être extrêmement inconscient pour ne pas réaliser qu'il s'agit d'un pillage en règle des richesses minières. Que restera-t-il à Soamahamanina après 40 ans d'extraction d'or ou d'autre minerai  ? Il l'a lui-même reconnu qu'il s'agit de ressources non renouvelables donc sans aucun espoir de reconstruction. Ravalomanana en avait eu pour son trône coupable d'avoir eu l'intention de louer des terrains à des Coréens pour planter des céréales. Il ne s'agissait donc pas de pillages mais de mise en valeur de terrains en friche depuis des siècles. À Ambatovy, la société Sheritt s'est engagée à reconstituer la forêt à Moramanga et a déjà commencé à le faire bien avant l'expiration du contrat selon le cahier des charges dont l'exécution est scrupuleusement contrôlée. À Soamahamanina et certainement dans les autres sites, rien n'est clair depuis le début. Tout le monde a été mis devant le fait accompli. La population et l'opinion ne demandent qu'on éclaire leur lanterne. Qu'importe que cela soit fait en chinois,en mandarin ou en antandroy. L'essentiel est que chacun sache qui fait quoi , qui donne quoi, qui reçoit quoi. Le directeur de cabinet du ministère des Mines, aurait dû être plus explicite en donnant des détails de ce qu'il appelle un «accord» entre le propriétaire des ressources qui est l'État et les Chinois. Il ne suffit pas de dire que le projet va profiter aux habitants de Soamaha­manina sans mentionner comment et de quelle façon. Avancer que des écoles, des blocs sanitaires seront construits par les Chinois est trop simpliste pour être persuasif et dissuader les habitants de manifester et de défendre bec et ongle leur patrimoine. Les forces de l'ordre ont beau chasser et arrêter les leaders, cela ne baissra pas la tension. D'autres meneurs émergeront pour reprendre le flambeau. Pire, ils risquent d'avoir des renforts par ailleurs étant donné le tollé général et l'indignation unanime condamnant l'attitude de l'état et la violence exacerbée assénée par les forces de l'ordre aux vieilles femmes et enfants de Soamahamanina. Une sinophobie généralisée est à craindre si on ne trouve pas un terrain d'entente. Les bornes sont dépassées même si le côté sentimental n'est pas aussi important que le côté économique et les conséquences environnementales de l'exploitation. À moins que les Chinois vont construire cent écoles par an, cinquante hôpitaux tous les cinq ans dix salles de fêtes tous les dix ans, dix complexes sportifs pour la région Itasy, des autoroutes dans le village, dix centres de réinsertion sociale pour les fameuses sorcières de Soamahamanina lesquelles figurent parmi les contestataires étant donné que la forêt de tapia est aussi leur sanctuaire, leur quartier général. Pour quarante ans d'exploitation à raison de 50 tonnes d'or par an,la contre-partie n'a rien d'excessif. C'est assurément moindre que ce que les négociateurs de l'affaire ont empoché à la signature du contrat. Est-ce trop demander de dire les choses telles qu'elles sont au lieu de prendre un vilain plaisir à cette rouée vers l'or, à cette or...gie de gaz lacrymogène chaque semaine. Une situation totalement inadmissible et qu'on ne verra pas nulle part ailleurs. à côté, les lingots de 24 kg saisis à Ivato sont une misère. Quelle est la différence entre un trafic et une exportation industrielle sans aucun intérêt  ? Quel est le mystère de l'accord de Soamahamanina et d'ailleurs pour que l'État s'acharne à bastonner ceux qui se lèvent contre le projet douteux. Jusqu'à maintenant Jiuxing Mine n'a donné que des bonbons et des biscuits à la population lors du Nouvel An. L'histoire ne dit pas qu'ils sont plaqués or. Dans ce cas, le jeu en vaut la chandelle. Par Sylvain Ranjalahy
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