PROJETS ROUTIERS - Rajoelina exige le respect des normes qualité


Insatisfait de la qualité d’une route réhabilitée à Nosy Be, le président de la République tape du poing sur la table et sévit. Il a immédiatement retiré un autre marché de réhabilitation routière attribué à la même entreprise. Une sanction immédiate. C’est ce que Andry Rajoelina, président de la République, a infligé à l’entreprise Sinohydro. En cause, une non-conformité aux normes internationales de l’issue des travaux de réhabilitation de la route dénommée «Route du cratère», à Nosy Be. De vive voix, il a exigé que les normes de qualité et de durabilité requises dans les projets d’infrastructures diligentés par l’État soient scrupuleusement respectées. La sanction prononcée par le chef de l’État est le retrait de l’attribution des travaux de réhabilitation d’une autre route de l’Île aux parfums, qui part de Hell-ville, jusqu’à Andilana. L’entreprise Sinohydro est le gagnante des appels d'offres pour la réhabilitation de trois chantiers routiers à Nosy Be, financés par la Banque mondiale par le biais du projet Pôle intégré de croissance (PIC). Deux d’entre eux sont déjà terminés et ont été inaugurés, hier. Le premier est le tronçon de 24 kilomètres qui part de l’aéroport de Fascène, jusqu’à Madiro. L’autre route dont la réhabilitation est terminée est d’une distance 1,3 kilomètres entre le quartier de Dar es Salaam et Andampy, ou la fameuse «Route du cratère». L’inaugura­tion de la route partant de Fascène jusqu’à Madiro et de la «Route du cratère», mais également, le lancement des travaux de réhabilitation d’une route de 26 kilomètres partant de Hell-ville jusqu’à Andilana font partie des raisons du déplacement présidentiel à Nosy Be. Jerry Hatrefindrazana, ministre des Travaux publics, s’est même targué du fait qu’une fois la réhabilitation de la route allant de Hell-ville jusqu’à Andilana terminée, la boucle sera bouclée et les principales routes de l’Île au parfum seront flambant neuf. Coup de théâtre, cependant, puisqu’au lieu de procéder au lancement des travaux, le président Rajoelina a publiquement et directement réprimandé l’entreprise Sinohydro. «Il faut faire quelque chose qui dure pour la génération future. Je ne veux pas voir une route construite aujourd’hui et qui se dégradera dans dix ans. Il faut faire les choses suivant les normes internationales. Donc là, la réhabilitation de cette route devrait être faite par l’entreprise Sinohydro, mais j’annonce ici (...) que je retire le marché. Vous n’allez pas le faire les travaux. Nous allons relancer l’appel d’offre, puisqu’on ne peut pas faire quelque chose qui ne corresponde pas aux normes internationales», fustige le locataire d’Iavoloha. Ultimatum Ces mots ont été dits en français, en présence de Marie-Chantal Uwanyiligira, représentante résidente de la Banque mondiale. Elle, le ministre des Travaux publics et le responsable de l’entreprise Sinohydro ont semblé avoir été pris de court par l’annonce présidentielle. La seule à ne pas avoir été surprise, de prime abord, est Mialy Rajoelina, première dame. Egalement du voyage à Nosy Be, la première dame a probablement eu la primeur du pavé dans la mare jeté par son époux. À entendre les discours d’hier, le cahier des charges pour les chantiers routiers à Nosy Be est de poser une chaussée en enrobé dont l’épaisseur devrait, en principe, être entre 5 centimètres et 6 centimètres. Lors de l’inauguration de la «Route du cratère», le président de la République a ainsi demandé de faire un carottage pour vérifier le respect des normes convenues. Deux échantillons ont été mesurés et aucun n’a dépassé les 4 centimètres d’épaisseur. Sur le moment, le chef de l’État a déjà affirmé son insatisfaction en pestant, «il n’y a que 4 centimètres, vous devez rajouter une couche». Visiblement, le locataire d’Iavoloha a rongé son frein durant le trajet allant du quartier de Dar es Salaam, jusqu’à Hell-ville, puisqu’une fois dans le centre ville de Nosy Be, à peine a-t-il pris le micro qu’il a chargé l’entreprise Sinohydro. «Donc on relance l’appel d’offre, on attendra le temps qu’il faut, mais on ne peut pas s’aventurer ainsi», ajoute-t-il dans ses mots en français. Il a également demandé un carottage, «tous les 500 mètres», de la route entre Fascène et Madiro, pour vérifier si les normes exigées sont respectées. Dans ses propos en malgache, Andry Rajoelina affirme qu’il a demandé à l’entreprise chargée du chantier de refaire les travaux sur la «Route du cratère». Une sanction de plus qui risque de s’abattre sur Sinohydro si jamais les carottages prévus aujourd’hui sur le tronçon Fascène - Madiro ne sont pas concluants. Dans la mêlée, l’entreprise EGIS INFRAMAD, chargée de la vérification du respect des cahiers des charges et de la qualité des travaux en a aussi pris pour son grade. «Je lance aussi un ultimatum à la société EGIS. Si nous avons engagé un bureau d’étude, justement, pour vérifier la qualité des travaux, ce n’est pas au président de la République de faire ce travail et pourtant, je l’ai fait. Nous avons constaté que les travaux ne sont pas aux normes. Alors si la société EGIS refait les mêmes erreurs, elle ne travaillera plus avec l’État malgache», tance le locataire d’Iavoloha. Lors d’un conciliabule où la représentante résidente de la Banque mondiale a visiblement demandé à comprendre la décision présidentielle, le responsable de Sinohydro a essayé de s’expliquer. Andry Rajoelina a, toutefois, affirmé son intransigeance. Il a réaffirmé que d’autres carottages seront faits aujourd’hui. Plusieurs entreprises de construction réclament le paiement d’arriérés de l’État. Le respect du contrat en termes de normes de qualité est, cependant, une condition exigée par ce dernier. La situation d’hier le démontre. Une condition que la plupart ne semble pas remplir, toutefois.
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