Les grands peuples du littoral oriental


Parmi les peuples de Madagascar, certains se cachent dans la grande forêt de l’Est. Tels les Tanala, dont l’habitat se situe à l’Est du Betsileo, entre les hautes vallées du Sakaleona et du Matitanana. Selon Raymond Decary, l’origine de leur nom ne présente aucune difficulté puisqu’il s’agit des gens de la forêt (ala). Effectivement, ils vivent en bonne partie de la forêt et de ses produits. Et comme le souligne Ardant du Picq, « ils sont capables de citer les noms de plus de trois cents arbres dont ils connaissent les particularités et les remèdes qu’ils peuvent procurer ». Leurs voisins les plus proches sont les Sahafatra, cantonnés sur les bords du Haut-Manampa­trana, au pied des montagnes. D’après Raymond Decary, ils « forment cependant une petite tribu indépendante » et leur pays est fait de champs (saha) en espace découvert (fatrana), d’où leur appellation « gens des clairières ». Autre petite peuplade, les Makoa autrement appelé Masombika. D’après Régis Rajemisa-Raolison, c’est ainsi que sont désignés les Africains importés comme esclaves à Madagascar au cours des siècles, soit par les Arabes, soit par les Malgaches eux-mêmes. Chez les Merina, ils sont tout d’abord classés parmi les Andevo, mais en 1877, « ils bénéficièrent de nombreux privilèges de la reine qui les affranchit et se les attacha. On leur donna alors le nom de Madiotanana, qui ont les mains propres ». On les voit surtout du côté de Maintirano et vers Nosy Be. Sur le littoral Est, dominent les Betsimisaraka, entre les rivières Bemarivo et Mananjary. Leur nom- les nombreux inséparables ou qui ne se séparent pas- est attribué, d’après la tradition, au chef Ratsimilaho vers 1700. Celui-ci le donne à l’ensemble des clans qui habitent entre la baie d’Antongil et la rivière Iranja. Il les réunit en une sorte de confédération pour lutter ensemble contre ses ennemis du Sud. Ceux-ci sont vaincus et il leur impose le nom de Betanimena. C’est à la suite de cette victoire que Ratsimilaho est proclamé roi sous le nom de Ramaromanompo (le seigneur que beaucoup servent). Les Betanimena portent primitivement le nom de Tsitambala, « ceux que les palissades n’arrêtent pas ». Plus tard, ils seront englobés dans les Betsimisaraka. Les Merina les appellent tous Ambanivolo (sous les bambous) ou Ambaniravinkazo (sous les feuilles) en référence à la nature boisée de leur pays et en opposition avec le nom d’Ambanilanitra attribué à eux-mêmes. Au Sud des Betsimisaraka, vivent les Antambahoaka, une petite tribu malgache avec pour capitale Mananjary. « Ils sont assez fortement teintés d’islamisme. » D’après la tradition, ils descendent de la branche aînée de la famille des chefs des premiers immigrants arabes établis dans le Sud-est. Leur ancêtre Raminia, plus ou moins légendaire, a eu deux fils dont l’aîné, Rabe­vahoaka, serait à l’origine des Antambahoaka actuels. Ce qui expliquerait leur nom. Raymond Decary se demande cependant pourquoi dans ce cas ils sont appelés Antambahoaka (les gens de Rabevahoaka) au lieu de « celui plus naturel et plus malgache » de Zafimbahoaka (les fils ou descendants de Rabe­vahoaka). Aussi accorde-t-il plus de crédit à l’explication de Ferrand. Celui-ci traduit le terme Antambahoaka par anta (les gens) et vahoaka (sujets), c’est-à-dire ceux qui sont les sujets (des princes). Autrefois, ils se sont appelés Andriambahoaka, les nobles sujets (des princes).
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