Présidentielle - Dernière ligne droite décisive


La campagne électorale prend fin, ce jour. La seule certitude est que quelques candidats font jeu égal en matière d’affluence dans les meetings de propagande. Alea jacta est. Com­me le veut le dé­cret fixant les modalités d’organisation de « l’élection présidentielle anticipée », la période de campagne électorale prend fin cette nuit à zéro heure. Après trente jours où les places publiques ont été envahies par les gesticulations, les opérations de charme, les palabres et les passes d’armes entre les candidats et leurs partisans, le moment est venu pour les électeurs de s’exprimer par la voie des urnes. Dans l’optique d’une dernière démonstration de force, des candidats à la magistrature suprême ont engagé le sprint final de cette campagne électorale à Antananarivo, durant le week-end. S’étant démarqué par leur présence sur terrain et, selon le cas, par les moyens déployés durant cette campagne électorale, les meetings qu’ils ont tenus dans la capitale confirment, qu’en matière d’affluence, les candidats Hery Rajaona­rimampianina, hier, au Coliseum Antsojombe, Andry Rajoelina, sur le même lieu, la veille, et Marc Ravalo­manana, au stade de Maha­ma­sina, samedi aussi, font jeu égal. Les partisans des ces trois anciens chefs d’État veulent démontrer une différence en mettant en avant l’applaudimètre et la ferveur de l’assistance. Seulement, les appréciations des uns et des autres pourraient être biaisées par leur sympathie ou antipathie envers un candidat. Comme ça a été le cas depuis la précampagne, le candidat André Dieudonné Mailhol, les talonne à une distance respectable. Le pasteur qui pour son « Faradoboka », littéralement le clou du spectacle, a misé sur un show évangélique ciblant clairement une audience religieuse, au stade de Mahamasina. Plus dis­cret durant cette propagande, le candidat Orlando Raobi­manana qui a, également, convié les tananariviens à un meeting, samedi, au jardin d’Ambohijatovo, n’a pas eu l’affluence escomptée. Marketing Les animateurs des camions mobiles faisant la campagne de l’ancien boss du Trésor public, ont martelé qu’il n’y aurait ni distribution de tee-shirt, ni d’argent durant son meeting. Une manière, probablement, de démontrer sa probité et qu’il veut mettre en avant ses idées et non le bling-bling. Ceux qui ont misé sur une campagne de proximité au motif de privilégier le partage des visions et programmes politiques ont été pratiquement inaudibles durant cette propagande. Le rouleau compresseur des moyens déployés par certains de leurs concurrents a asphyxié les élans pris par les candidats Paul Rabary, Zafimahaleo Rasolofon­draosolo, dit Dama, ou encore, Jean Omer Beriziky. Le candidat Jean Ravelonarivo qui a, relativement, eu le vent en poupe durant la précampagne en a, également, fait les frais lors de ces trente derniers jours. Dans un « policy paper », publié le 23 octobre, Lova Rabary, journaliste, regrette que le jeu démocratique qu’est le processus électoral soit biaisé par l’argent. Sur terrain et même dans les médias et les réseaux sociaux, les candidats les plus en vue ont privilégié le marketing aux idées. Lorsqu’on leur pose la question, des candidats n’arrivent même pas à dire combien ils ontdépensé durant cette campagne. Profitant de cet argent qui coule à flots et des accessoires vestimentaires gratuits, beaucoup n’ont pas hésité à devenir des « caméléons de campagne ». Comme l’indique Lova Rabary, les meetings de propagande, à Madagascar, servent plus à démontrer la capacité de mobilisation d’un candidat. Une grande affluence lui permet, néanmoins, de s’adresser directement à une large audience. La verve, les verbes et le charisme du candidat, ou encore, comme dans certains cas, les frissons ressentis durant les shows pourraient amener une partie de l’assistance à adhérer à sa paroisse. « L’expérience à Madagascar ne montre que les images de Faradoboka, ne traduisant pas nécessairement la réalité des urnes. (…) un stade rempli n’a jamais été la garantie d’un résultat électoral », souligne un doctorant en sciences politiques sur sa page Facebook. Après trente jours de propagande ou avant, chaque électeur a, probablement, fait son choix entre les trente-six candidats.
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