JEAN OMER BERIZIKY - « Il faut donner au peuple d’autres choix »


Bien que toutes les conditions pour une élection crédible et apaisée ne soient pas réunies, Jean Omer Beriziky poursuit sa campagne. Il appelle les citoyens à aller voter. • Vous avez signé la convention du Hetsika ho fanorenana ifotony qui a demandé de commencer l’élection à partir du fokontany. Toutefois, vous avez déclaré votre candidature quelques semaines après. Pouvez-vous expliquer cette décision ? - J’ai signé la déclaration du Hetsika ho fanarenana ifotony pour confirmer que les conditions ne sont pas réunies pour une élection crédible et apaisée. Nous avons réclamé l’amélioration de la loi électorale car du sang a été versé sur la place du 13 mai à cause de cela. Nous avons également demandé la révision de la liste électorale et de reporter l’élection vers mai-juin 2019.Toutefois, le gouvernement a insisté sur la tenue de l’élection. Ainsi, je me suis porté candidat pour ne pas signer un chèque en blanc à ceux qui vont détruire le pays. En tant que citoyen, je dois prendre mes responsabilités. Il faut donner au peuple d’autres choix. • Par la suite vous vous êtes allié aux vingt –cinq candidats qui réclament entre autres la réouverture de la liste électorale. - Les vingt-cinq candidats ont réitéré le constat selon lequel les conditions pour une élection crédible, acceptée par tous ne sont pas réunies. Ainsi, il est logique que je sois signataire de la déclaration. Nous sommes tous témoins actuellement qu’il n’y a pas de règle claire. Les candidats nantis abusent de leur position et d’autres ne font rien parce qu’il n’y a pas de règles claires. Toutefois, je ne suis pas contre l’élection et je lance un appel au peuple d’aller voter. • La Constitution prescrit que l’élection présidentielle se tiendra cette année. Pourquoi ne réagissez-vous que maintenant ? - Depuis le mois de mars 2017, quand j’ai demandé la bénédiction du professeur Zafy Albert pour ma candidature, j’ai parlé à la presse la nécessité d’une loi électorale bien élaborée. J’ai vu la proposition du comité consultatif sur la révision du cadre juridique régissant les élections. Il y était proposé entre autres le plafonnement des fonds de propagande, la régulation de la précampagne. Cependant, cette proposition n’a pas été considérée et cela a conduit aux problèmes actuels. Je regrette que les dirigeants aient l’habitude de faire des lois sur mesure. • Des députés ont contesté cette loi sur la place du 13 mai. Est-ce que la version promulguée est mieux que celle votée à l’Assem­blée nationale ? - La version actuelle n’a pas suivi la procédure normale parce que la Haute cour constitutionnelle a pris la place de l’Assemblée nationale. Cette loi aurait dû revenir au Parlement pour être votée à nouveau. • À qui profite cette loi ? - Je n’en sais rien mais ce que je sais c’est que ce n’est pas pour le peuple malgache, ni pour l’apaisement. Je me demande comment va se passer l’entre deux tours alors que trois des candidats se voient gagner l’élection dès le premier tour. N’élaborez jamais des lois sur mesure parce qu’à partir de ce moment, vous faîtes des lois pour vous-même et non pour la population. Le bien commun doit primer sur tout autre intérêt. • À vous entendre, on dirait que vous avez peur de l’élection ? - Nous sommes prêts pour le 7 novembre. Je n’ai jamais interrompu ma campagne malgré tout. L’avenir de Madagascar ne doit pas dépendre de trois personnes. Elles ont fait leur preuve et nous sommes tous témoins de leurs agissements. C’est pour cela que je me bats car Madagascar mérite un président de la République sage, expérimenté, intelligent et fédérateur. Je suis prêt à bâtir une nouvelle Nation dans laquelle règneront la justice, la paix, l’apaisement et le respect mutuel. • Que proposez-vous pour y arriver ? Je me suis préparé depuis quelques années. Dans notre projet de société, nous avons élaboré des stratégies qui priorisent le bien de tous et l’intérêt supérieur de la Nation. Il y a des défis que j’ai traduits en dix engagements. Je promets que quoi qu’il arrive, je vais réaliser ces dix engagements et soyez-en sûrs. • Quels sont vos arguments ? - Je suis un homme de parole. J’ai accompli toutes les missions qu’on ma confiées. Je suis enseignant-chercheur, j’ai représenté Madagascar auprès de l’Union européenne en tant qu’ambassadeur et j’étais Premier ministre dans un contexte difficile. En tant que partisan du professeur Albert Zafy, je suis parmi ceux qui se sont battus pour intégrer la justice dans la devise de la troisième République. Je n’ai jamais été impliqué dans de sales dossiers malgré ma position et mes responsabilités. Je viens du peuple et je le comprends. Avec mes soixante-et huit printemps, j’ai la maturité et je peux promettre que jamais je ne m’enrichirais sur le dos du peuple malgache. • Vous étiez Premier ministre sous la Transition. Qu’avez-vous fait face au pillage des richesses nationales ? - Tous les pouvoirs appartenaient au président de la Transition. La Feuille de route ne m’a pas donné les pouvoirs et les moyens pour lutter contre le pillage des richesses nationales. On assistait à la déliquescence de l’autorité de l’État faute de légitimité. Toutefois, des efforts ont été fournis. J’ai mis en place un comité de pilotage contre l’exploitation des bois de rose, j’ai rétabli le Dinan’i Melaky tsy mipoly, nous avons saisi la Convention internationale de lutte contre la commercialisation des faunes et flores endémiques (CITES)... Nous avons mis en place des dispositifs pour lutter contre la piraterie maritime. En ce temps là, des pirates somaliens ont été interceptés. Nous avons fait des efforts bien que ce n’est pas suffisant mais nous l’avons fait • Avez-vous confiance à la CENI et la HCC ? - Il est difficile pour moi de donner confiance à la HCC et à la CENI. La HCC est le garant de la Consti­tution. Depuis 2014, les décisions prises par cette institution bafouent la Loi fondamentale pour ne citer que le respect de l’article 54 et le pacte des responsabilités. Par ailleurs, les récentes décisions qu’elle a prises confortent ma position. Quant à la CENI, c’est elle qui a convoqué tous les candidats pour demander les problèmes remarqués dans le processus électoral. Le président de la CENI en personne nous a dit clairement qu’il faut faire un accord politique. Par la suite, il s’est rétracté. Alors, on ne sait pas où est-ce qu’il veut en venir. C’est pour cela que je ne fais pas entièrement confiance à la HCC ni à la CENI. J’espère qu’ils vont changer entre temps. • Des rumeurs circulent que vous avez déjà contracté avec un autre candidat ? - Comme je l’ai dit tantôt, je suis un homme de parole et je ne suis pas de ceux qui changent d’avis du jour au lendemain d’autant plus que j’ai fait un engagement avec le peuple. Ce n’est qu’une rumeur car jamais je ne vendrais ma candidature pour soutenir un autre. J’aime ma patrie et je ne l’échangerais pas contre de l’argent.

Il est difficile pour moi de donner confiance à la HCC et à la CENI.

• Que pensez-vous des derniers rebondissements du mouvement du rassemblement des candidats ? - Tout excès est nuisible. Les propos de la candidate Fanirisoa Ernaivo ont dépassé les limites. Je pense qu’elle a utilisé ces mots sous l’émotion. Toutefois, je trouve que les mesures prises à son encontre sont également excessives car cela nuit à la réconciliation nationale et à l’apaisement • Avec les moyens déployés par les autres candidats, est-ce que vous avez une chance de gagner l’élection ? - Quand je me porte candidat, j’espère gagner. Les Malgaches sont conscients que leurs voix sont importantes. Ils ne vont pas l’échanger contre de l’argent ou des gadgets. Je sais qu’ils vont voter un président sage, expérimenté, intelligent issu du peuple. Pour conclure, Madagascar est notre patrie, elle n’est ni à échanger ni à vendre, encore moins à louer car Antsika i Madagasikara. Ensemble, nous allons développer Madagascar. Votez le n°19 pour que nous ayons dix-neuf sur vingt pour un nouveau président en 2019.  
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