Microfinance - La Caisse d’épargne se lance dans les crédits


Concurrence oblige et bancarisation étant, la Caisse d’épargne de Madagascar, CEM, opte pour la diversification de ses services financiers. Elle propose désormais des crédits accessibles à tous. Prudence et lucidité. C’est avec beaucoup de retenue que Serge Razafindrakoto, directeur général par intérim de la Caisse d’épargne de Madagascar, CEM, interprète la situation actuelle de cette société anonyme de l’État comme unique actionnaire. Tout en étant un Institut de micro-finance. Il décèle deux facettes du coronavirus. « La crise sanitaire a contraint les épargnants à retirer beaucoup de leurs avoirs à cause d’un besoin urgent de liquidités. Mais cette épreuve, a contrario, a aussi généré une multiplication des flux des transferts d’argent via Western Union. Une pratique très utilisée durant les moments forts de la pandémie. Elle respecte bien la distanciation sociale. Cette frénésie a permis à la CEM de maintenir le cap ». Et pour consolider ses acquis, la CEM, connue pour la thésaurisation des économies des épargnants, à des taux bonifiés, a décidé de proposer des offres de crédit. « Safidy pour les salariés et Avotra pour les entrepreneurs. Nous avons assoupli les conditionnalités d’octroi. Sans être trop exigeants sur les garanties hypothécaires des petites et moyennes entreprises. Elles peuvent avancer des meubles de maison, par exemple. Pour les salariés, la quotité cessible reste en vigueur. Le montant des emprunts peut aller jusqu’à 15 millions d’ariary, remboursable en douze ou dix-huit mois. Ces propositions sont prêtes à Antananarivo, Moramanga et Ambatolampy. Depuis fin 2019 où nous avions eu notre autorisation, 500 millions d’ariary ont été débloqués», détaille Serge Razafindrakoto. Insolente prospérité Pour le moment, a-t-il expliqué, « l’exploitation de la CEM suit son cours normal. Elle compte trente agences dans quinze régions des six provinces ». Celle d’Ambatolampy vient d’avoir un nouveau siège. « L’ancien se trouvait à l’entrée de la ville. Inauguré aujourd’hui, (ndlr: hier), financé sur fonds propres, il se trouve au cœur de la rue passante de Bemasoandro. Un quartier populaire. Plus conforme aux ambitions de toujours de la CEM. Qui entend faire de la proximité sa force de persuasion », justifie Serge Razafindrakoto sur ce choix stratégique d’emplacement. L’agence d’Ambatolampy, avec cinq employés, compte trois mille épargnants pour un encours de 1,350 milliard d’ariary. C’est encore peu par rapport au nombre d'habitants. D’autant que la « Ville des mimosas » est réputée pour être le chantre de l’économie du bas de laine. Les grandes maisons érigées comme des gratte-ciel, peu soucieuses du design architectural, témoignent de cette insolente prospérité. Cette situation s’explique aussi par la migration des adhérents vers la Poste qui a travaillé avec la CEM auparavant. Comme pour attester cette solidité financière, Serge Razafindrakoto précise que la CEM compte un million d’habitués dont six cent mille actifs. Qui reviennent peu à peu à faire des versements. Présent à la cérémonie d’inauguration d’hier, Vy Vato Rakotovao, gouverneur de la région Vakinankaratra a suggéré de « transformer le statut de la CEM en une véritable banque commerciale. Comme cela se fait ailleurs ». Ceci dit, la CEM passe pour être une des rares sociétés d’État à vivre sans perfusion financière.
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