Amboasary Atsimo - Deux ans sans pluie


Plusieurs localités du district d'Amboasary Atsimo sont touchées par le «Kere». Une situation due à l'absence de pluie. Deux ans sans pluie. Villageois et élus locaux l’attestent. «Cela fait pratiquement deux ans qu'il n'y a pas eu de pluie », se désolent-ils. Mananohatsy, maire d'Ebelo l'a affirmé face à Andry Rajoelina, président de la République. L'absence de pluie a des conséquences désastreuses sur les récoltes. «Plus rien ne pousse, ni le riz, ni le maïs, ni même le manioc. Cela fait plus d'un an que nous n'avons plus de récolte, même pas une charrette de manioc», affirme Rakotondrabe, un habitant de la commune de Marotsiraka. C'est la principale cause du «Kere», qui touche actuellement plusieurs localités dans le district d'Amboasary Atsimo. Le paysage aride et les nuages de poussière soulevés par le vent donnent une idée de cette forte sécheresse et de ses conséquences. Même les «Raketa», un genre de cactus pourtant résistants, souffrent du manque d'eau. À certains endroits, ils commencent à dépérir. Leurs fruits se font rares. Ces derniers permettent pourtant, aux habitants de tenir tant bien que mal, en période de disette. Le fait que les habitants utilisent un mélange d'argile blanche et de tamarin pour lutter contre la faim n'est pas une chimère. Ces deux ingrédients sont mélangés pour donner une sorte de pâte à laquelle ils ajoutent du sucre ou du sel, s'il y en a en réserve. « Les gens savent que cela peut avoir des conséquences sur la santé, mais lorsque la faim tenaille, plus personne ne s'en soucie », déplore Pierre Andriambelo, adjoint au maire de la commune d'Ebelo. Triple menace Au regard des rizières et des champs, les communes touchées par le «Kere», sont fertiles. Faute d'eau, cependant, plus rien ne pousse depuis plusieurs mois. «Nous avons essayé de semer du riz, cette année, malheureusement, je crains que les jeunes pousses ne finissent par se dessécher puisque l'eau n'arrive plus jusque dans les rizières», désespère Pierre Andriambelo. Les cours d'eau sont en effet asséchés. Même la rivière Mandrare, qui est la principale source d'eau de plusieurs communes, est réduite à l'état de ruisseau. À certains points, les habitants sont obligés de creuser pour avoir accès à l'eau. Chose intrigante, le climat à Amboasary Atsimo et celui du district de Taolagnaro, juste à côté sont aux antipodes. Chez le voisin, le paysage est verdoyant, avec un taux de pluviométrie largement en dessus de la moyenne. « La pluie n'arrive que jusqu'à Andranopiso (localité limitrophe des districts de Taolagnaro et Amboasary), au-delà tout est sec », témoigne une journaliste locale. Selon les témoignages, les habitants des localités touchées par l'insuffisance alimentaire subsistent en achetant du riz ou du manioc chez des camionneurs de passage. «Nous achetons le riz à 800 ariary le kapoaka et 1 000 ariary le tubercule de manioc», affirme Rakotondrabe. «Les réserves des ménages sont maintenant épuisées. Rares sont ceux qui ont encore quelque chose ou des bêtes à vendre pour s'acheter de quoi manger», déplore Pierre Andriambelo. Le district d'Amboasary Atsimo, par ailleurs, est sous la coupe d'une triple menace. Outre le «Kere», l'insécurité et le paludisme sont autant d'épreuves à supporter. «Les petits larcins commencent à être nombreux. Cela n'existait pas avant. Puisque les gens n'ont plus rien, ils commencent à voler des marmites, par exemple», déclare l'adjoint au maire. Le fort taux de natalité n'arrange pas la situation, ajoute Ferlin Rakotomamonjy, infirmier du Centre de santé de base (CSB), de Marotsiraka. Les nouveau nés, les enfants en bas âge et les mères qui viennent d'accoucher sont pourtant, les plus vulnérables à l'insuffisance alimentaire.
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