Histoire des Iles Sœurs des Mascareignes


Le petit groupe des Masca­reignes, situé dans l’océan Indien, à l’Est de la Grande terre de Madagascar, se compose de trois iles : La Réunion, (ancienne ile Bourbon), Maurice (ancienne ile de France) et Rodrigues qui est une dépendance immédiate de l’ile Maurice. Certains auteurs pensent que ces iles sont connues des Arabes, comme semble le prouver une mappemonde du géographe Ruysch publiée en 1508, sur laquelle Madagascar, La Réunion, Maurice et Rodrigues portent respectivement les noms de Comocada, Marganbin, Dinarobin et Dinanora. D’autres soutiennent qu’elles sont découvertes, le 9 février 1507, par le Portugais Diego Fernandez Pereira, premier pilote de la flotte commandée par Tristan d’Acunha, qui aurait appelé La Réunion, Canta Apolina, en raison de la date. Puis, quelques jours après, il aurait baptisé Maurice, Ile Cirne, soit du nom de son vaisseau, soit à cause des gros oiseaux qui habitaient l’ile et que les marins ont pris pour des cygnes. « Ces oiseaux étaient probablement les Drontes ou Dodos disparus aujourd’hui, mais dont les ossements ont été retrouvés sur l’ile Maurice. » Pour la plupart des historiens, ce serait Don Pedro Mascarenhas qui aurait vu le premier le groupe qui porte son nom, le 9 février 1528. Dans tous les cas, estime l’explorateur M.-F. Jadin (Voyage aux Mascareignes fait en 1890), les trois iles sont visitées depuis le début du XVIe siècle. Depuis ce siècle, écrit-il, les capitaines qui doublent le Cap de Bonne-Espérance pour se rendre en Inde, viennent se reposer dans les ports des Mascareignes et y réparent les avaries causées à leurs vaisseaux par les cyclones et les typhons fréquents dans ces mers. Dès 1598, les Hollandais prennent possession de l’ile Cirne et la nomment Mauritius en l’honneur des gouverneurs et commencent à cultiver dans la partie Sud-est de l’ile. Vingt quatre ans plus tard, en 1712, les Hollandais abandonnent l’ile pour réunir toutes leurs forces au Cap de Bonne-Espérance et parce que l’ambre gris a presque disparu. À l’époque, la canne à sucre et le tabac sont déjà importés à Maurice. Et dès 1606, Matclief y introduit les orangers, les ananas, les bananiers de l’ile Annobon, tandis que l’amiral Wolfert apporte le cocotier sept ans plus tôt, en 1898. Étienne de Flacourt, directeur du Fort Dauphin à Madagascar, fait planter le pavillon français sur l’ile Mascareigne au mois d’octobre 1649, par Roger Le Bourg. Celui-ci aborde au Nord-ouest, en un lieu qu’il nomme La Possession, et appelle l’ile, Bourbon. En 1654, de Flacourt y envoie quelques Euro­péens et des Noirs. Ces derniers y demeurent quatre ans. C’est à partir de 1662 que l’ile est définitivement habitée et colonisée. Trois ans après que les Hollandais ont abandonné l’ile Maurice, le 20 septembre 1715, Guillaume Dufresne prend possession de l’ile au nom du roi de France et la rattache au gouvernement de l’ile Bourbon. Les deux iles deviennent, dès cette époque, les Iles Sœurs. Et même lorsque l’ile de France passera sous la domination anglaise, elles continueront à se donner ce nom. Sautant presque un siècle, Jadin termine son rapide historique en indiquant que dès 1810, les Anglais s’emparent de Bourbon. Du 20 au 28 août, ils tentent de s’emparer de l’ile de France, mais ne réussissent pas. Ils sont obligés de s’en éloigner, mais reviennent à la charge avec une nombreuse armée et une grande flotte. Une lutte inégale s’engage et dure trois jours. Elle amène la capitulation de l’ile. Le 3 décembre 1810, « les articles de la capitulation étaient signés ». Elle permet « le renvoi en France des troupes, équipages de Sa Majesté Impériale et Royale, avec armes, drapeaux et bagages », précise A. d’Epinay (Renseignements pour servir à l’Histoire de l’ile de France (1890)). À partir de cette date, l’Ile de France redevient l’ile Maurice et le drapeau anglais, qui ne doit plus flotter sur l’ile Bourbon après les traités de 1815, demeure sur l’ile Maurice, « cette Malte de la mer des Indes » comme l’appelle Lord Castlereagh. Toutefois, en dépit de son gouvernement anglais, les Mauriciens issus des anciennes familles françaises demeurent français. « Ce n’est pas du reste le seul exemple d’un pays colonisé par la France, pris par la force, et qui reste français de cœur. »
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