La longueur compte


Question existentielle. Déjà, je m’en étais ouvert à midi. Et maintenant, au moment de reprendre la plume azerty, la question me revient à l’esprit. L’art de la titraille, un chapitre en soi du secrétariat de rédaction, prendrait une dimension particulière si, donc, des lecteurs ne s’aventurent pas plus loin que le titre. La Chronique est longue. Elle l’a toujours été. Mais, dans ce «monde d’après», serait-elle désormais trop longue? On ne peut décemment non plus faire tenir un dévelop­pement éditorial dans encore moins de signes qu’un Tweet. Et un titre fait encore plus court qu’un télégramme. Mais, il est vrai, en ces circonstances sanitaires difficiles, qu’on a pu, et à plusieurs reprises, exprimer l’essentiel dans trois lettres: RIP. L’expression anglaise a d’ailleurs eu la bonne idée de se calquer très précisément sur son prédécesseur latin, au point de prendre sa place dans l’acception populaire. Question existentielle, dès ce matin. J’ai eu un choc en ouvrant L’Express de Madagascar à la page de ma Chronique. J’ai failli ne pas me reconnaître. Certes, la Chronique était à sa place, mais guère. La moitié de sa longueur habituelle. Comment on dit, déjà? «Se renouveler»... Sur Facebook (où je suis venu sur le tard), j’ai publié un post laconique, comme il est d’usage sur ce média: «Bière et cochonnailles: le meilleur des deux mondes». La photo était encore plus explicite. Il est intellectuellement frustrant qu’un post aussi banal recueille dans la minute et l’heure plus de réactions que réunira jamais une Chronique maturée des heures durant. Une question existentielle dont je fais mon référendum de tous les jours. Avec l’assentiment de la tacite reconduction.
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