Salon maison et objet Villepinte - Madagascar se met au vétiver


Un bon tremplin pour les femmes entrepreneurs malgaches. Mais le fret reste un frein pour l’essor de l’exportation. Dans le Hall Eclectic, où foisonnent pièces uniques et objets rares empreints d’originalité, bienvenue à Madagascar truly authentic, un 35 m² élégant et raffiné où le vétiver devient une matière première pour créer des sets de table, des objets de décoration ou encore de tapis muraux au jean recyclé. Au milieu d’immenses stands à l’atmosphère cosy ou épurée, celui de Mada­gascar, aux couleurs naturelles, ne désemplit pas. Au rendez-vous international des professionnels de l’art de vivre, de la décoration d’intérieur et du design, au Parc des expositions de Villepinte (Paris) du 2 au 6 septembre, c’est un premier bilan plutôt positif pour les quatre exposants malgaches. Les articles surprennent et accrochent les professionnels, ceux qui découvrent ou font les tendances de demain. De la broderie très maîtrisée de la Maison ID Art. Mony aux produits en ikat de Terre La en passant par les articles créés à partir du vétiver parTahiana Créations et le design très recherché des accessoires de mode et objets déco de Sil’ouette, les représentantes de Mada­gascar remplissent leurs carnets de commande. « Le discours que l’on entend est très encourageant. Pour une première journée, et pour mon premier salon Maison et Objet, le résultat est très positif et stimulant. Je présente des produits difficiles à copier car il y a derrière un savoir-faire des tisseurs malgaches d’Ankara­fantsika et l’espoir de préserver les mangroves où l’on extrait la soie sauvage », explique Andrée Mathilde Ethève, designer établie à Mahajanga depuis 20 ans. Ses articles en ikat au graphisme particulier a plus qu’intéressé des professionnels du Chili, de la France, des États-Unis, des Antilles et de l’Europe qui voient en ces articles, l’immense talent des tisseurs malgaches éclore. Alexandrine Rasoanante­naina de Tahiana Création, elle, récolte une importante commande de mille deux cent pièces créées avec du vétiver dès le premier jour. « Ce sont des acheteurs qui viennent de la Suisse,  de Paris, de l’Angleterre et de New York. Ils s’intéressent au savon, aux pièces de déco mais aussi aux sets de table et aux tapis muraux. La plus importante des commandes de ce jour est de mille deux cent pièces à livrer en octobre », se réjouit la créatrice et lauréate du prix Cap Export 2014 artisanat et innovation, qui a trouvé un bon filon avec le vétiver. Utilisé en plante médicinale pour les phlébites et contre l’anxiété, le vétiver est aussi un puissant anti-inflammatoire et un répulsif… qui s’invite maintenant dans les accessoires de décoration. Innovation Au salon des professionnels, les représentantes de l’île rouge n’ont vraiment pas à rougir. «Cette première journée nous conforte dans notre conviction que Madagascar a sa place dans le salon Maison et Objet. Pour l’édition de septembre, nous avons répondu à des demandes individuelles qui nous sont parvenues. Nous voulions mettre en avant les métiers et les ressources. Les quatre maisons de création ont chacune leurs singularités, une valeur ajoutée qui leur sont propres, des matières et articles rivalisant d’originalité. De plus, toutes sont très impliquées dans le développement communautaire. Et de plus en plus, on commence à travailler les produits recyclés, l’innovation se trouve là aussi. Ce type de salon permet de mettre en contact les professionnels, ce qui devra faire du bien aux entreprises malgachesqui n’ont pas toujours une bonne visibilité », fait observer Lova-Tiana Raharinosy, chef de projet de Cap Export/ CCIFM. Maison et Objet a en effet boosté les affaires de Claudine Randriambololona de Maison ID Art.Mony. Pour la créatrice, le savoir-faire malgache est une inestimable richesse. « Nous avons les moyens de faire un travail de qualité mais il faudrait que cet effort soit apprécié à sa juste valeur. Car même si nous réduisons les charges sociales et les frais, la clientèle ne peut supporter les charges qui font qu’un article à 15 euros sortant de la maison de production arrive à 45 euros chez le vendeur qui prendra encore une marge ». Une vision partagée par Noeline Andrianrivelo Razafy de Sil’ouette. « C’est mon quatrième salon Maison et Objet en deux ans. Et à chaque édition, on réalise qu’il y a une véritable évolution en tout. Cela nous encourage à rester vigilant sur la qualité de nos produits et à les pluraliser. Je travaille plusieurs matières comme le raphia, le bois et le cuir sur une tendance éclectique », avance la créatrice de Sil’ouette qui a déjà une clientèle importante en France, au Pays-Bas, en Belgique et en Angleterre et qui présente une centaine de modèles au salon. « Ces initiatives sont tout à fait louables mais elles ne peuvent réussir sans certaines conditions. Et le facteur bloquant le développement de l’export, c’est le fret. Il rend à 32% plus cher le produit. Sur les dix clients, j’en perdrai trois ce mois-ci en raison du prix excessif du fret », ajoute-t-elle. Haingo Rarivoson
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