La corruption au niveau des Députés et des Sénateurs


Le PNUD recrute : un consultant pour l’élaboration du «guide de lutte contre la corruption pour les élus». L’objectif de la consultation est explicite : «contribuer à la mise en oeuvre effective de l’approche sectorielle de Lutte contre la Corruption au niveau des Élus Députés et Sénateurs» (avis de recrutement n°017/2016, paru dans L’Express de Madagascar du 29.08.2016, page 24). C’est donc une reconnaissance onusienne d’une corruption avérée chez certains Députés et Sénateurs. Il aura sans doute suffi à l’équipe de Madame Le Représentant Résident du PNUD de consulter la presse de l’époque des vraies-fausses motions de censure contre le Gouvernement ou de la vraie-fausse motion d’empêchement contre le Président de la République pour être édifiée. On pourra seulement s’interroger pourquoi pareille démarche n’avait pas été initiée plus tôt, mais sans doute que le PNUD ne pouvait pas constater la corruption au sein d’institutions d’une Transition de facto qu’elle n’avait d’abord pas reconnue et qui était censée ne pas exister... Dans le «Firaketana», le dictionnaire encyclopédique malgache, du mois de décembre 1962, on pouvait lire à l’entrée KOFEHY : «Kofehimandompanjakana na Kofehimando Mitam-Panjakana, filoha na tale vitsivitsy, olon-kendry sy marina, nofinantina ho andry ijoroan’ny fanjakana. Ankehitriny, hatramin’ny nahazoana indray ny fahaleovantenan’i Madagasikara, izay mifanitsinitsy amin’ny kofehimando mitam-panjakana taloha dia ity atao hoe Andrim-Panjakana dia ny fitambaran’ireto antoko efatra ireto izany : Ny Filohan’ny Repoblika izay lehiben’ny Governemanta koa, Ny Antenimieram-Pirenena, ny Antenimieran-Doholona ary ny Filan-Kevitry ny Andrim-Panjakana». En 1962-1963, on pouvait donc encore penser assimiler le Président de la République et son Gouvernement, les membres de l’Assemblée Nationale, les membres du Sénat, les membres du Conseil Supérieur des Institutions (ancêtre de la HCC), à ce que l’ancien régime monarchique appelait les «Kohefimandompanjakana» : des notables choisis en raison de leur sagesse et de leur droiture pour réflechir à la chose publique. C’est donc quelque part, entre 1963 et 2016, que la sagesse et la droiture seront sorties des assemblées de la République, sans doute parce que la corruption y a fait son entrée. Était-ce déjà le cas, avant 1972, et la fin de la Première République ?  Sinon, entre 1975 et 1991, sous la République socialiste  ? Voire durant la parenthèse 1993-1996, pourtant célèbre pour son feuilleton d’Ampamoaka ?  À moins que ce ne fut à l’époque du retour au pouvoir de l’Amiral, 1997-2001 ?  Les moeurs étaient-elles déjà installées qui ont conduit à la crise de 2002 ou celle de 2009 ?  Si on a un peu oublié le comportement et les agissements des membres du CNPD (le Conseil National Populaire du Développement, Transition 1972-1975) ou du CRES (Comité pour le Redressement Économique et Social, Transition 1991-1993), que dire de l’inénarrable Transition, 2009-2013 qui a fait au PNUD renoncer à l’élaboration d’un guide contre la corruption au niveau des ministres ou des CST (Conseils Supérieurs de la Transition) ?  Depuis 2013, faut-il croire que les normes onusiennes se soient durcies ou doit-on penser que des moeurs déjà passablement cléptocratiques aient encore réussi à établir de nouveaux records de vénalité ? Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja
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