Administration - Les carnets de fokontany à réactualiser


Les distributions des aides sociales révèlent les failles dans les fichiers au niveau des fokontany. Aussi, suite à une consigne présidentielle, les carnets de Fokontany seront-ils remplacés. Un mal pour un bien. L’in­formation a été brièvement lancée par Andry Rajoelina, président de la République, samedi. Il s’agit du remplacement des carnets de fokontany. Une initiative qui découle du constat des désordres dans l’organisation de la distribution des aides sociales durant cette crise sanitaire, d’abord, mais ayant une portée majeure sur le long terme. L’annonce présidentielle avait tout d’une consigne donnée, notamment à la Commune Urbaine d’Antana­narivo (CUA). Cette dernière qui convie tous les chefs fokontany de sa circonscription, à une réunion, ce jour, à l’Hôtel de ville, à Analakely. Outre l’organisation de la distribution des aides sociales, la concrétisation du remplacement des carnets de fokontany sera l’un des points saillants de cette rencontre. Dans sa prise de parole au stade des cheminots, à Antanimena, samedi, le chef de l’Etat a parlé de carnet de fokontany 2.0. Le document attestant de l’adresse chaque ménage, ses membres, leur sexe, leur âge sera biométrique et non falsifiable. Les dysfonctionnements presque systématiques dans la distribution des aides sociales ont, vraisemblablement, déclenché cette volonté de mise aux normes des carnets de fokontany. Enjeux nationaux Face aux débâcles de l’organisation des distributions des «Tosika Fameno », et «Vatsy Tsinjo », l’Etat a essayé de rectifier le tir pour le «Sosialimbahoaka ». Alors que tout se passe relativement bien sur les sites de distribution, en marge, les grognes et contestations se font toujours entendre. Le couple présidentiel en a été témoin, hier. Le président et son épouse ont été confrontés à un attroupement monstre de mécontents, à Bemasoandro-Itaosy. « Un vrai responsable ose faire face à la population », réagit le président Rajoelina. Indiquant avoir été préalablement informé de la manifestation, il ajoute, « j’ai insisté pour venir, pour vous écouter, pour échanger avec vous, car je sais que vous êtes dans le besoin, que vous êtes sans emploi (…) que vous n’êtes pas là pour créer des troubles, mais juste réclamer ce qui vous est dû ». Les suspicions de corruption, de népotisme et de favoritisme de la part de certains chefs fokontany, ont été dénoncées par les habitants au président de la République, hier. Dans d’autres localités, des faits de détournement sont soulevés. Ces agissements répréhensibles seraient les raisons de la cohue qui animent presque systématiquement les coulisses de la distribution des aides sociales. Aussi, le chef de l’Etat a-t-il fermement lancé que tout responsable de fokontany dont les malversations sont avérées sera sévèrement puni. Avec le « Sosialim-bahoaka », l’Etat ambitionne de distribuer des vivres à deux cent-mille foyers. Surtout, de ne laisser pour compte aucune famille vulnérable. Comme le couple présidentiel l’a constaté durant une descente à Manjakaray, lundi, cependant, le taux de personnes non-inscrites dans les fichiers de fokontany et n’ayant pas ainsi, de carnet pourrait constituer un véritable challenge. Outre les malversations présumées perpétrées par les responsables, le nombre élevé de non-inscrits au fokontany est, également, la cause de la grogne autour de la distribution des aides sociales. La plupart sont, d’autant plus, des familles nécessiteuses. « Il y a ici, une occasion pour faire de nouveaux recensements au niveau des fokontany », a déclaré Hery Rasoama­romaka, gouverneur d’Analamanga, lors d’un entretien téléphonique, lundi. La réactualisation de la liste des habitants est donc, l’enjeu majeur du carnet de fokontany 2.0. Outre torpiller la quiétude de la distribution d’aides sociales au point de faire vaciller l’ordre public dans les localités concernées, les failles dans les fichiers au niveau des fokontany ont, aussi, une dimension nationale. Elles ont aussi une portée sur la crédibilité des processus électoraux. Ces failles sont, en partie, les causes des dysfonctionnements dans la liste électorale. Il y a, également, le volet sécuritaire à prendre en compte. En mai, par exemple, un kidnappeur célèbre, recherché depuis plus d’une dizaine d’années, a été pris dans son « refuge », dans la cité d’Analamahitsy, sans que personne ne s’en rende compte. Etant donné les enjeux, une standardisation et une mise aux normes des carnets de fokontany pourraient s’imposer sur l’ensemble du pays.
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