Groupe parlementaire - Razanamahasoa prône la redistribution des cartes


La session ordinaire du Parlement a pris fin vendredi. Une partie des propos de Christine Razanahamasoa dans son discours de clôture, à l'Assemblée nationale intrigue. À double sens. « (...) réorganisons la collaboration entre les groupes politiques, ici à l'Assem­blée nationale, pour ceux qui sont prêts à travailler avec le pouvoir », a déclaré Christine Razanamahasoa, présidente de l'Assemblée nationale, dans son discours de clôture de la session ordinaire de l’institution, vendredi. Après dix heures de face-à-face avec entre les députés et le gouvernement, la cérémonie de clôture de la première session ordinaire du Parlement, notamment, celle de la Chambre basse, est presque passée inaperçue. Dans son allocution de clôture, Christine Razanama­hasoa a brassé différents thèmes. En passant par l'éco­nomie, le social et la diplomatie, la phrase précitée de la boss de l'Assemblée nationale a réveillé les spectateurs somnolents. Contactée, la présidente de la Chambre basse n’a, cependant, pas pu être jointe. Après les différentes péripéties qui ont agité les coulisses de l’institution de Tsimbazaza, ces derniers mois, la phrase de Christine Razanamahasoa n’est vraisemblablement pas anodine. Comme elle le précise, ses mots s’adressent à ceux qui soutiennent ou veulent appuyer le pouvoir. Des mots qui vont dans deux sens donc. De prime abord. la boss de l'Assemblée nationale s’adres­se d’abord, aux membres de la majorité, c'est-à-dire le groupe Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina (IRD). Ces derniers mois, des frustrations internes ont fait que la discipline au sein du groupe Orange semble s'être effritée au sein de l’IRD. Des insubordinations latentes révélées par l'élection des représentants de la Chambre basse à la Haute cour constitutionnelle (HCC), durant la session extraordinaire de mars. Une partie des députés Oranges ont boudé l’un des deux favoris du pouvoir pour siéger à la HCC, au profit du candidat soutenu par les indépendants du Groupe parlementaire uni pour la République (GPR). Dans son discours de la session extraordinaire de mars, Christine Razanamahasoa a déjà prévenu les décideurs politiques que ce vote est un signe de l’existence d’un malaise. Ouverture Un premier signe de ce malaise entre une partie de la majorité et les tenants du pouvoir a germé, durant la deuxième session ordinaire de 2020. La Chambre basse avait alors eu un problème de budget causé par un gap entre les prévisions initiales et le crédit accordé par la Loi de finances rectificative (LFR), de 2020. Le processus d’adoption de la LFR 2021, durant la dernière session ordinaire a failli causer une nouvelle fronde de la part des élus.Une nouvelle fois, l’insuffisance du budget de l’institution de Tsimbazaza a failli mettre le feu aux poudres. Le dernier face-à-face entre l'Assemblée et le gouvernement indique, du reste, qu'il y a une forte antipathie entre certains députés de la majorité et des membres du gouvernement. Un des deux sens des propos de la présidente de la Chambre basse pourrait alors être un rappel à l’ordre des brebis galeuses au sein des Oranges. Christine Razanamahasoa rappelle, visiblement, la première raison d'être de l’IRD qui est, soutenir et défendre la politique des tenants du pouvoir. « En tant qu’institution de contrôle des actions de l'Exécutif, nous avons aussi une part de responsabilité dans la défense des efforts faits », a-t-elle soutenu. L’autre sens des mots de la boss de la Chambre basse pourrait, du reste, être une ouverture politique aux autres forces au sein de son institution. Pour laisser entendre cette idée d’ouverture, Christine Razanamahasoa a souligné que « le président de la République démontre continuellement qu’il ne fait aucune discrimination politique et se soucie de l’apaisement ». Elle soutient ses propos en avançant deux événements récents. La visite présidentielle chez le maire d’Ivato qui est un élu du parti d’opposition Tiako i Madagasikara (TIM), et le colloque de Tolagnaro qui a vu la participation de députés indépendants. Cette idée d’ouverture que laisse entendre la présidente Razanamahasoa coïncide, par ailleurs, avec un processus en cours et un autre qui le serait. Deux processus qui pourraient amener au momentum d’une redéfinition des forces à Tsimbazaza. Il y a d’abord la mise en vigueur prochaine de la nouvelle loi sur l’opposition. Étant donné que le texte prévoit que l’opposition officielle se trouve à l'Assemblée nationale, ce rôle est, vraisemblablement, dévolu au groupe parlementaire TIM. Dans son avis du 29 avril 2015, a brisé le principe du mandat impératif des qui lie le député à la discipline de son parti d’origine. Une ouverture à la transhumance au sein du Parlement. L’autre processus qui serait en cours est la recomposition du gouvernement. Une éventualité qui se fait insistante. Christine Razanamahasoa a requis à quelques reprises que l'Assemblée nationale soit partie prenante dans la mise en place d’un gouvernement et y soit un peu plus représentée. Une modification de l'équipe gouvernementale pourrait être une occasion pour la majorité de renforcer ses rangs, ou du moins, redéfinir les règles dans ses relations avec le GPR et les députés non alignés.
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