Développement - L’anglophonie débattue à l’Académie malgache


L’éducation à l’anglaise avant l’ère coloniale a occasionné un contraste dans le milieu journalistique dans la seconde moitié de la colonisation de Madagascar. Le sens pratique y était mis en exergue. Logique anglo-saxonne. Lors du débat conduit par le Pr Michel Razafiarivony, le journal Faneva dirigé par des religieux anglicans, entre 1928 et 1932, a fait l’objet d’un partage par rapport à sa ligne éditoriale. Les quatre révérends rédacteurs de ce journal ont été éduqués par les missionnaires anglais, mais étaient les rares citoyens français autorisés à s’occuper d’une publication périodique. « La censure a pris une place importante sous la colonisation. En raison d’une impulsion colonisatrice, consistant à introduire une conception unique du progrès, une perte de repère auprès de l’opinion s’est dessinée. Le journal Faneva, supervisé par les quatre anglophones malgaches, les révérends presbytériens Caleb Razafimino, Maurice Rasamuel, Joseph Rantenaina, et Joël Rabesandratana, est le rescapé des canaux d’information de tendance anglophone. Or ce journal a véhiculé l’idée de développement contraire à l’endoctrinement colonial de l’époque. Le développement part de chaque individu mais ne repose pas sur la dépendance vis-à-vis d’une métropole », a détaillé Michel Razafiarivony. Élites Lors des échanges en public, il est ressorti que l’éducation anglophone vise à développer le sens pratique ainsi que l’attachement à la foi chez l’individu. C’est un type d’éducation qui transmet la connaissance des techniques et l’impossibilité de se passer de l’évolution. « Le monde est appelé à évoluer car rien n’est statique et tout change. Une telle perception caractérisant la logique anglophone conduit à la compréhension du monde, afin de pouvoir le maîtriser. Le progrès, selon le journal Faneva, reflète les idéaux des personnes éduquées sous l’influence anglophone, au temps de la monarchie. Avec les missionnaires anglais, le malgache est la langue d’enseignement avec l’anglais. Une culture anglophone s’est forgée mais s’est heurtée à la volonté coloniale d’assujettissement de tout un peuple », a défendu le professeur. Selon ce dernier, « l’évolution, le progrès et la civilisation sont érigés en valeurs véhiculées par les Européens. Pourtant, chacun avance à son propre rythme, et à force d’avancer en société, l’individu finit par vivre en présence d’un développement mutuel ». L’anglais reprend une place prépondérante dans la conscience collective mais son importance dépend de la place que chaque individu lui accorde.  
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